Trois internautes chinois ont été condamnés vendredi à un à deux ans de prison pour diffamation et troubles de l'ordre public après avoir pris la défense d'une femme réclamant la réouverture de l'enquête sur la mort de sa fille, a-t-on appris auprès d'un avocat.

Un tribunal de la ville de Fuzhou, dans la province du Fujian (sud-est), a condamné Fan Yanqiong, 49 ans, à deux ans de prison, You Jingyou, 42 ans, et Wu Huaying, 29 ans, à un an de prison chacun, a indiqué à l'AFP l'avocat de You, Liu Xiaoyuan, joint par téléphone.

Selon l'avocat, un millier de personnes se sont rassemblées dans le calme à l'extérieur du tribunal, contenues pacifiquement par les forces de l'ordre, pour manifester leur soutien aux trois internautes, portant des banderoles et lançant des slogans.

Ils ont été reconnus coupables de diffamation pour avoir mis en doute, par des documents écrits et audiovisuels publiés sur internet, la version officielle sur la mort d'une femme en 2008.

Sa mère affirme qu'elle a été tuée par une bande de voyous protégés par des forces de l'ordre. La police a classé l'affaire, affirmant qu'elle était décédée en raison d'une grossesse difficile.

«Le tribunal a violé les lois chinoises en les condamnant, violé la liberté d'expression des internautes et leurs droits politiques, leur conduite n'était pas criminelle», a déclaré à l'AFP l'avocat Liu Xiaoyuan, soulignant qu'ils avaient décidé de faire appel.

Le tribunal n'était pas joignable vendredi.

Sur internet, leur condamnation a soulevé de nombreuses critiques en provenance de toute la Chine et des photos de la manifestation ont été publiées.

Un article consacré au procès et publié sur le site web de l'agence Nouvelles de Chine (semi-officielle) vendredi peu après le verdict a été censuré au bout de quelques heures, a constaté l'AFP.

Internet est devenu en Chine la principale caisse de résonance pour la critique sociale et politique, malgré la censure, dans un pays qui compte près de 400 millions d'internautes, le plus grand nombre d'usagers au monde.