Le président vénézuélien Hugo Chavez va lancer son blogue afin de devenir un cybermilitant de la révolution bolivarienne, oubliant sa méfiance pour internet, territoire selon lui de «contre-révolutionnaires» qui jusque-là lui échappait.

«J'aurai ma tranchée sur internet (...) préparez-moi une tranchée sur la toile, une page qui me permette de communiquer avec le monde», a annoncé dimanche le chef de l'Etat vénézuélien.

Hugo Chavez, à qui ses détracteurs reprochent de gouverner par télévision interposée, a recours presque sans limites au petit écran, à la radio et à certains journaux pour s'adresser quotidiennement à ses compatriotes.

Il était cependant resté à l'écart de la Toile, accusée d'être un instrument au service des «coups d'Etat» dans un pays où 30% des 27 millions d'habitants ont un accès privé à internet.

«Je pourrais avoir un ordinateur, une page internet et communiquer avec des millions de personnes, pas seulement au Venezuela, mais dans le monde», s'est enflammé le président socialiste.

«Je vais diffuser beaucoup d'informations (...) cela va être un bombardement», a encore prévenu Hugo Chavez, connu pour sa verve intarissable.

Sur internet, on trouve déjà des faux blogs du président vénézuélien et les commentaires ironiques sur le futur pseudonyme de Chavez ne manquent pas depuis qu'il s'est découvert une vocation d'internaute.

«La toile a déjà permis des contre-révolutions et des coups d'Etat et nous devons être capables de mener une offensive "contre la contre-révolution". Tout se résume à une bataille du socialisme contre le capitalisme», a-t-il dit.

«Le peuple s'empare d'internet» a-t-il encore prévenu en accusant la Toile d'avoir trop servi aux conspirateurs qui cherchent à diffuser de fausses informations sur sa révolution bolivarienne et à fomenter des coups d'Etat.

«Notre internet, l'internet bolivarien, doit être celui d'une presse alternative», a-t-il encore exhorté.

L'offensive cybernétique d'Hugo Chavez intervient alors que son gouvernement commençait à s'inquiéter de son manque d'emprise sur la toile et de la prolifération de sites par toujours amicaux à son égard dans le pays, selon le directeur de l'ONG Espace public, Carlos Correa.

Récemment, Hugo Chavez avait dénoncé les fausses informations diffusées, notamment celles qui l'accusaient de chercher à museler les internautes.

Le «mauvais usage de la toile peut créer des vents de panique et c'est pénalisé partout dans le monde», a-t-il encore prévenu, en référence à ceux qui cherchent à y répandre des rumeurs sans fondement ou à comploter contre l'Etat.

Chavez «tente de réglementer le seul média entièrement libre au Venezuela», a affirmé pour sa part le président du quotidien critique du gouvernement El Nacional, Miguel Henrique Otero.

«Tout ce qui est diffusé sur internet dérange le régime et rend nerveux le président Chavez», a encore assuré M. Otero à l'occasion d'une réunion de la Société de presse interaméricaine (SIP) organisée le week-end dernier à Aruba (Antilles néerlandaises).

Internet est d'ailleurs devenu un sujet de débat au Venezuela, alors que les références au chef de l'Etat sur des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter s'y sont multipliées.

«Le président a peur car il n'a pas pu étendre son hégémonie en termes de communication au cyberespace», a également accusé Yon Goicoechea, du parti d'opposition Primero Justicia.

Selon des données diffusées par les compagnies de télécommunication, près de 30 millions de téléphones portables sont en service au Venezuela, soit plus d'une unité par habitant. En outre, la vente de forfaits et d''appareils permettant d'accéder à internet explose, avec au moins 1,2 millions d'usagers.