Les défenseurs des droits de l'homme ont salué lundi la décision de Google de ne plus censurer son moteur de recherche en Chine, appelant les autres groupes du secteur de l'internet à suivre cet exemple.

«Cela doit servir de message aux autres sociétés, à savoir qu'il y a des solutions au-delà du choix simpliste entre rester en Chine en censurant, ou abandonner et partir», a déclaré à l'AFP la directrice de l'association américaine Human Rights in China, Sharon Hom.Google a annoncé lundi qu'il ne censurait plus son moteur de recherche chinois Google.cn, dont les visiteurs sont automatiquement redirigés vers son site de Hong Kong.

«Ils ont vraiment des idées originales», a observé Mme Hom. «Techniquement ils restent en Chine mais ils arrêtent la censure».

Wei Jingsheng, le père de la dissidence chinoise qui vit en exil aux États-Unis après avoir purgé 20 ans de prison dans son pays, a déclaré que l'échec des négociations entre Pékin et le géant américain de l'internet ne l'étonnait pas.

«Nous savions bien que le gouvernement chinois ne reculerait pas (...) Il n'y avait pas de compromis possible», a-t-il remarqué.

«Notre inquiétude, c'est que les groupes internet pourraient maintenant être soumis à encore plus de pressions de la part du gouvernement», a ajouté M. Wei.

Pour Reporters sans frontières (RSF), «les autorités chinoises ont fait le choix de la censure plutôt que de l'ouverture. Nous ne pouvons que déplorer le fait que le plus grand moteur de recherche au monde soit contraint de fermer sa version chinoise, sous la pression des censeurs».

RSF a salué la «position courageuse» de Google, estimant qu'au-delà du cas chinois, c'est l'intégrité de l'internet qui est en jeu. «L'apparition d'intranets nationaux contrôlés par des États répressifs ces dernières années rend de fait de nombreux internautes victimes d'une situation de ségrégation numérique», a estimé l'association depuis son siège parisien.

«Nous appelons maintenant les autres entreprises du net installées en Chine à suivre la même voie et à refuser de censurer leurs activités. Si un front commun s'installe sur cette question, le gouvernement chinois n'aura d'autre choix que d'ouvrir l'accès à un internet plus libre», a conclu Reporters sans frontières.