Les infos de Twitter et Facebook collent globalement à l'actualité mais la variété des sources fait défaut: cinq journalistes, cloîtrés une semaine dans une ferme de la campagne française pour tester la fiabilité des «news» des réseaux sociaux, ont dressé un premier bilan.

Pour cette opération «Huis clos sur le net», Benjamin Muller de France Info, Nour-Eddine Zidane de France Inter, Janic Tremblay de Radio-Canada, Anne-Paule Martin de la RTS et Nicolas Willems de RTBF s'étaient vu imposer des règles strictes: pas de journaux, de télé, de radio, de smartphone, mais des ordinateurs vierges de tout contenu.

«Ca va faire du bien de retrouver les journaux, la télé, la radio», avoue vendredi Nour-Eddine Zidane sur les antennes de France Inter au dernier jour de «l'expérience» dans le gîte rural du Périgord (sud-ouest).

«La mise en perspective des informations manque véritablement car on est soumis à un flot ininterrompu sur Twitter: il y a de l'anecdote, du mot d'esprit, de la vraie information, mais c'est difficile de trier dans tout ce qui arrive», relève-t-il. Un constat qui pose à nouveau la question de l'importance du métier de journaliste pour trier dans cette abondance d'informations et séparer l'anecdote de l'essentiel.

Tous s'accordent sur un point: l'info recueillie sur les réseaux sociaux suit l'actualité, mais elle arrive brute. La difficulté réside dans le traitement d'une matière non vérifiée et non hiérarchisée.

«Les sources manquent», admet Nour-Eddine Zidane qui parle d'un sentiment de «frustration». «Mais l'info dépend aussi de la qualité de son réseau Twitter. D'où l'intérêt d'avoir un bon réseau de contacts qu'il faut affiner», souligne-t-il.

Olivier Monnot du site «Blogonautes», spécialiste de l'actualité de la blogosphère, émet quelques réserves sur les conditions de ce huis clos: les journalistes avaient en effet le droit de cliquer sur des liens vers des médias traditionnels postés sur Facebook ou Twitter. A l'exception d'une journée où ils avaient décidé de s'abstenir en utilisant exclusivement les deux réseaux.

Toutefois pour lui, un des intérêts de l'expérience pour un journaliste est d'évaluer l'importance que le grand public accorde à une info.

«Le journaliste fait sa hiérarchie de l'info par rapport à des critères qui lui sont propres, alors que sur Twitter la hiérarchisation est faite par les internautes. Un internaute ne relaye pas une information qui ne l'intéresse pas», observe-t-il.

Janic Tremblay de Radio-Canada soutient sur le blog commun aux cinq journalistes que «Twitter reste un formidable outil d'alerte. Récemment, le séisme en Haïti en a été un bon exemple. Aucun journaliste ne peut concurrencer un tel réseau».

Autre remarque, les débats sur les réseaux sociaux portent souvent sur des sujets qui ne sont pas forcément à la Une de l'actualité. Résultat, «Nicolas Sarkozy et les intempéries y font beaucoup moins recette que dans les médias traditionnels», juge un des participants à l'expérience.