Comment suivre l'évolution des émissions de gaz à effet de serre? La réponse se trouve dans l'espace, selon les experts: la NASA et Google veulent fournir au monde de nouveaux outils de mesure des niveaux de CO2 et de la déforestation s'appuyant sur la technologie satellitaire.

La NASA possédait un satellite scientifique, l'Observatoire orbital du carbone (OCO), qui aurait été capable de détecter les émissions de CO2. Mais son lancement en février dernier a tourné au désastre, l'engin terminant sa course dans les eaux glacées de l'Antarctique.

Si elle obtient les crédits nécessaires, la NASA pourrait fabriquer un satellite similaire pour un coût de 330 millions de dollars et le faire voler avant trois ans, précise Michael Freilich, responsable des sciences de la terre à l'agence spatiale américaine. La mise en service de ce satellite conduirait les pays «à agir différemment», estime le professeur Steve Pacala, directeur de l'Institut pour l'environnement de Princeton.

De son côté, Google a annoncé que les pays forestiers pourront avoir accès gratuitement à son «Earth Engine», un nouveau logiciel stockant des données satellitaires, d'ici la prochaine conférence de l'ONU sur le climat prévue à Mexico l'an prochain.

La déforestation est considérée comme le premier responsable du changement climatique dans une grande partie des pays du Sud. Alors que les pays industrialisés comptent verser des milliards de dollars aux nations en développement pour stopper la destruction des forêts tropicales, le système de Google pourrait permettre à n'importe qui de vérifier l'état dans lequel elles se trouvent.

La technologie seule ne peut régler le problème. Une coopération entre des pays comme les États-Unis et la Chine, les deux plus gros pollueurs, est nécessaire sur les modalités de vérification des réductions d'émissions, souligne John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain et ancien candidat à la Maison-Blanche.

M. Kerry a déclaré à l'Associated Press que les discussions avec les Chinois ont progressé sur ce point mercredi. Cette question est particulièrement importante pour le Congrès américain, qui exige que la mise en oeuvre des engagements de la Chine et de l'Inde puisse être vérifiée.

La question du contrôle est majeure «car nous ne savons pas ce que nous comptons», explique Melinda Kimball, vice-présidente de la Fondation des Nations unies et ancienne négociatrice en chef des États-Unis pour le climat. «Cela m'évoque le contrôle des armements.»

La Chine construit tellement de centrales au charbon qu'il est difficile pour les experts d'avoir une connaissance précise de leur production de dioxyde de carbone. Le lancement d'un nouveau satellite de la NASÀ capable de détecter les émissions de CO2 pourrait à cet égard être très utile. La décision attend le feu vert de la Maison-Blanche. «Je suis optimiste», a déclaré mercredi le conseiller scientifique de la Maison-Blanche John Holdren.

Tant qu'un tel satellite ne sera pas en service, l'évaluation des émissions de carbone impliquera beaucoup d'incertitudes, de mathématiques, d'appareils et une bonne dose de confiance entre les différents acteurs.

Une centrale au charbon produit un «dôme de dioxyde de carbone» et un satellite comme celui dans les cartons de la NASÀ pourrait mesurer les émissions, explique Steve Pacala. Un tel satellite est nécessaire, souligne-t-il.

La capacité à évaluer les émissions de chaque centrale électrique est également cruciale pour la mise sur pied d'un système de marché des émissions, comme celui envisagé aux États-Unis, qui permettrait à des entreprises d'acheter des «droits de polluer» à d'autres ayant réduit leurs rejets.

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