Le Britannique Tim Berners-Lee, l'un des fondateurs du web, a mis en garde, mercredi, contre le risque qu'internet ne devienne une immense machine de surveillance de ses usagers.

«Je veux être sûr que lorsque je clique sur un lien, cela restera entre moi et le site et que le fournisseur d'accès ne va pas immédiatement me cataloguer pour un usage publicitaire ou gouvernemental», a expliqué M. Berners-Lee lors d'un congrès international sur le web à Madrid.«Le facteur n'ouvre pas mes lettres et la compagnie de téléphone n'écoute pas mes conversations. Et pourtant l'usage qui est fait d'internet va souvent plus profondément que cela dans l'intimité», a expliqué celui qui a été il y a 20 ans le co-inventeur du système du World Wide Web (www).

Un nouveau logiciel permet désormais aux fournisseurs d'accès à internet de diffuser des publicités à leurs clients en fonction de l'historique de leurs navigations sur le net.

Plusieurs fournisseurs d'accès britanniques, dont BT et Virgin Media, ont indiqué qu'ils envisageaient d'utiliser ce logiciel destiné à rendre le web financièrement plus rentable grâce à l'argent de la publicité.

M. Berners-Lee s'exprimait dans un débat organisé dans le cadre du 18e Congrès international World Wide Web, auquel a également participé l'Américain Vinton Cerf, autre père fondateur d'internet.

Avec d'autres scientifiques du Centre européen de recherche nucléaire (Cern) près de Genève, Berners-Lee a mis au point en 1989 le World Wide Web pour permettre à des milliers scientiques dans le monde de communiquer.

Ce système qui permet de simplifier le processus de recherche d'information sur internet, a ensuite connu un succès fulgurant à partir du moment où le Cern a décidé, au début des années 90, de ne pas en percevoir de royalties.

Le Congrès international World Wide Web qui réunit jusqu'à vendredi à Madrid plus de 1000 scientifiques, professionnels et experts de l'internet, est une manifestation annuelle, se déroulant à chaque fois dans une ville différente, pour favoriser la recherche et le débat sur le web.