Un cybermarché aux puces. Un eBay gratuit et écologique. Un système de recyclage sociétal. On essaie tant bien que mal de définir le phénomène Freecycle, sans arriver à traduire l'essence du mouvement avec exactitude. Rien de plus normal : le réseau Freecycle relève davantage d'une idéologie et n'envisage rien de moins que de changer le monde, un don à la fois.

Un cybermarché aux puces. Un eBay gratuit et écologique. Un système de recyclage sociétal. On essaie tant bien que mal de définir le phénomène Freecycle, sans arriver à traduire l'essence du mouvement avec exactitude. Rien de plus normal : le réseau Freecycle relève davantage d'une idéologie et n'envisage rien de moins que de changer le monde, un don à la fois.

Le système est simple. Il suffit de s'inscrire au forum électronique de sa ville. Les donneurs peuvent afficher leurs propositions en quelques clics de souris. Les objets offerts sont seulement contraints de respecter la loi Freecycle : ils doivent être gratuits, légaux et appropriés pour tous les âges.

De l'Arizona jusqu'à Québec

Le réseau Freecycle a vu le jour à Tucson, en Arizona. En mars 2003, Deron Beal eut l'idée, alors qu'il nettoyait un entrepôt de sa ville, d'offrir les objets qu'il a pu y récupérer. Écolo averti, il rejoint quelques dizaines de personnes par courriel pour leur offrir ses trouvailles. Le réseau n'a cessé de grandir depuis.

Le 1er septembre, le réseau d'échanges gratuits a passé le cap des 2,5 millions d'adhérents. Il est solidement implanté dans le monde et compte sur un chapitre à Québec, comme dans plusieurs autres régions de la province. En ligne depuis le 26 janvier 2005, le réseau FreecycleQuébec compte 494 membres.

Étienne Babin, 26 ans, infographiste, était « vendu d'avance » lorsqu'il s'est joint au groupe FreecycleQuébec, il y a un an. « Il y a toujours une bébelle que l'on trouve et dont on n'a plus besoin. Dans ce cas-là, je la donne ! C'est très efficace », explique-t-il. Lorsque Le Soleil l'a contacté, Étienne offrait une imprimante qu'il avait lui-même dénichée sur le forum il y a quelque temps. « Je ne m'en sers pas assez », justifie-t-il.

De son côté,Vincent Trépanier a plutôt adhéré au réseau Freecycle pour des raisons « sociales ». « Un portable qui fonctionne ; je ne peux pas le vendre parce que, sur le marché, ça ne vaut plus rien, soutient-il. Mais je ne peux pas flanquer ça à la poubelle : ça peut servir a quelqu'un d'autre ! »

Malgré le nombre élevé de membres, le modérateur du forum électronique estime que ce dernier n'est pas très animé. Pourtant, certains utilisateurs témoignent de la vitesse du processus. Après avoir annoncé leurs « enchères », les membres correspondent par courriel à l'insu des autres.

Il y a quelques semaines, Jacques E. Tellier a offert un lot de livres sur le forum. Contre toute attente, il a reçu des dizaines de courriels. « Mes boîtes n'étaient même pas prêtes. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de réponses. Mon écran était plein ! » s'exclame-t-il. Autre exemple concluant, le vieil ordinateur portable Apple PowerBook 100 de Vincent Trépanier a trouvé preneur en quelques heures.

Utiles et gratuits

Des objets fonctionnels et totalement gratuits ? Plusieurs demeurent sceptiques. Il suffit seulement d'un coup d'œil sur le forum de FreecycleQuébec pour en être convaincu. Au cours de l'été, on a pu voir défiler des offres attrayantes : une piscine, un BBQ, un sac de golf, un téléviseur, un microscope pour enfant et un lecteur de disques compacts portatif.

Certaines périodes sont plus actives que d'autres. « Cet été, pendant le déménagement, c'était l'enfer ! Certains avaient des montagnes de choses à donner. Ils disaient : "Passez et prenez ce que vous voulez"», raconte Étienne Babin.

Outre les dons, les forums permettent aussi de lancer des avis de recherche. Vêtements de maternité, habits pour enfants et livres scolaires sont des demandes courantes pour la région de Québec.

À sens unique ?

Le réseau Freecycle attire-t-il les profiteurs qui, mine de rien, raflent tout sans jamais rien offrir en retour ? Jacques E. Tellier demeure prudent : « Il y a des gens un peu bizarres qui disent rechercher des choses pour d'autres personnes. Ils ont des demandes spécifiques. Je me demande s'ils les donnent à d'autres ou en font le commerce. »

Vincent Trépanier avance toutefois que ses acquéreurs « n'ont pas l'air très riches ». Étienne Babin abonde dans le même sens : « Il y a beaucoup de gens qui cherchent du linge. Dans ce cas, je crois seulement qu'ils ont une situation financière difficile ».

Sites Internet:

- www.freecycle.org

- groups.yahoo.com/group/freecyclequebec/

Lire aussi:

- Le troc a la cote