«La série mondiale de poker, c'est pour le show. L'argent est sur Internet. Il y a de 3 à 400 000 joueurs en ligne chaque soir, même un joueur ordinaire peut faire 100 000 $», dit Gyl Savoie, gestionnaire de projet du Michigan qui avoue avoir fait beaucoup d'argent grâce au poker.

«La série mondiale de poker, c'est pour le show. L'argent est sur Internet. Il y a de 3 à 400 000 joueurs en ligne chaque soir, même un joueur ordinaire peut faire 100 000 $», dit Gyl Savoie, gestionnaire de projet du Michigan qui avoue avoir fait beaucoup d'argent grâce au poker.

Mais Savoie, un ancien champion de backgammon, part avec une longueur d'avance sur les gamblers du dimanche. En fait, la majorité des joueurs sur Internet perdent, et parmi les gagnants, seuls quelques-uns gagnent bien leur vie.

À la différence des casinos, les clubs de poker ne sont pas impliqués dans le jeu. Ils prélèvent plutôt un pourcentage sur les sommes misées (d'environ 5 %, ce qu'on appelle le râteau). Philippe Boucher, par exemple, donne 20 000 $ par mois à Partypoker, qui lui retourne le cinquième de la somme afin de le fidéliser, un peu comme le font les casinos lorsqu'ils gâtent les gros joueurs.

Comme les mises sur l'ensemble des sites de poker en 2005 ont totalisé 60 milliards, les profits des salles de poker virtuelles sont énormes. Le géant Partypoker enregistre plus de 2000 nouveaux membres par jour et on y trouve régulièrement plus de 80 000 joueurs en action. La compagnie est passée de 83 millions de revenus en 2001 à 2,4 milliards en 2005.

Dimanche prochain, le 1er octobre, sa rivale Pokerstars garantit trois millions en prix lors du tournoi principal de son championnat du monde du poker sur Internet. Et ce chiffre devrait grimper en fonction des inscriptions, qui seront nombreuses.

En gros, on prévoit que l'industrie du poker sur Internet rapportera 24 milliards de profits d'ici 2010. Pas étonnant quand on sait que de 60 à 80 millions d'Américains jouent au poker et qu'ils ont accès à des salles bondées et pratiques 24 heures sur 24.

Si les joueurs de poker sur Internet sont majoritairement américains (84 % du chiffre d'affaires de Partygaming, propriétaire de Partypoker), le jeu en ligne n'a pas pour autant de statut légal aux États-Unis. D'ailleurs, tous les serveurs principaux se trouvent prudemment à l'extérieur des États-Unis : Kahnawake, Gibraltar, Antigua, Île de Man, Trinidad...

Un projet de loi à l'étude au Sénat américain pourrait bientôt empêcher l'utilisation de cartes de crédit pour déposer de l'argent dans les sites de jeu à l'argent sur Internet. Mais même si les gouvernements n'interviennent pas directement contre les sites de poker, la manne ne durera pas éternellement, croit Gyl Savoie. «La majorité des joueurs sont perdants et finissent par arrêter de jouer. Il faut donc sans cesse beaucoup de nouveaux joueurs pour alimenter le haut de la pyramide.»