Une commande de médicaments par Internet a mis quatre mois avant d'arriver à son destinataire qui avait payé le prix fort.

Une commande de médicaments par Internet a mis quatre mois avant d'arriver à son destinataire qui avait payé le prix fort.

Depuis des mois sur le web, la vente de Paxil, Effexor, Celexa et autres antidépresseurs connus détrônent facilement le Viagra et Cialis offerts à outrance aux clients en ligne.

Sur un site aux étalages virtuels bien garnis (narcotiques puissants inclus), le Journal de Québec a tenté l'expérience d'acheter les pilules du bonheur bien en vogue présentement. Une commande de 30 comprimés de Paroxitine (Paxil) placée le 25 février 2006 et payée par VISA est parvenue à destination le 28 juin dernier.

Quatre mois pour 102,17 $ plus 11,31 $ de droits de douanes au Canada. Normalement, une quantité semblable de Paxil coûte une cinquantaine de dollars dans une pharmacie ordinaire.

Une recherche rapide a permis de trouver plusieurs autres sites offrant des antidépresseurs et autres produits vendus sous ordonnance seulement. Un total de 113,48 $ pour un minuscule paquet plutôt suspect. Trois enveloppes d'aluminium de dix pilules emballées individuellement, le tout camouflé entre trois feuilles blanches pliées. Le doute sur la nature du produit peut d'ailleurs augmenter le niveau d'anxiété.

La transaction a d'abord débuté sur une pharmacie «online» mexicaine, la facture a été enregistrée avec Telium Networks à Sao Paulo, au Brésil, et la marchandise a voyagé par Air India avant d'entrer au pays. «Je n'ai jamais vu ça comme tel. Chaque pays a une forme et une couleur différente pour les comprimés mais celle-là m'est inconnue», a indiqué Line Guénette, pharmacienne chez Brunet à Vanier.

L'Ordre des pharmaciens affirme être vigilant face à ce phénomène, mais avoue ne pas avoir beaucoup de contrôle sur les cyberpharmacies à l'extérieur du pays. L'Ordre incite aussi les clients potentiels à être prudents puisque certaines pilules peuvent être contrefaites. «€a demeure préoccupant. Il y a des risques et il n'y a aucun recours ensuite. Un de nos pouvoirs est de protéger le public», indique Véronique Allaire, conseillère aux communications. Malgré une popularité grandissante sur le Net, obtenir une telle prescription demeure donc la voie la plus simple. En janvier dernier, le Journal de Québec avait réussi à se faire prescrire pas moins de 271 antidépresseurs en seulement cinq jours.

Au moins deux pharmaciens se sont fait prendre à vendre des médicaments par l'intermédiaire d'Internet au cours des dernières années.

Pour refiler des produits contrôlés aux clients, les responsables de sites web doivent souvent établir un lien avec un pharmacien qui leur fourni les substances en demande. En juillet 2004, un pharmacien de Pointe-Claire, André Elkaim, a été reconnu coupable d'avoir vendu pour près de 1,6 million $ de médicaments par le biais d'un site Internet. Selon les chiffres contenus dans la décision du comité de discipline de l'Ordre, le pharmacien avait alors perçu 110 000 $ en honoraires.

«L'intimé a contribué à une pratique médicale négligente», peut-on lire. Le professionnel a été radié pour douze mois, du 1er septembre 2004 au 31 août 2005. En février 2003, le pharmacien Serge Lelouche a été radié temporairement pour une durée de 18 mois pour deux infractions similaires. Il a également été condamné à payer une amende de 1000 $. La plainte faisait état d'une vente de médicaments à une tierce entreprise au montant total de 474 000 $.