Conçues initialement pour le grand public, les lunettes connectées de Tikaway ont fini par trouver leur marché chez les entreprises : c'est ce changement de cap qu'expliquera à compter de mardi la jeune société lyonnaise au salon CES de Las Vegas.

Pour sa première participation à la grande messe mondiale de l'électronique, la startup créée en 2015 décrira comment elle a « complètement fait pivoter sa stratégie pour la focaliser sur le secteur de la maintenance », a expliqué à l'AFP sa cofondatrice Carole Bollard.

« Nos lunettes ont été pensées pour les particuliers. Elles sont donc simples à utiliser. Elles sont aussi beaucoup moins chères » que les Google Glasses et autres lunettes à réalité augmentée qui n'ont pas réussi à s'imposer à ce jour.

Ces appareils projettent sur le verre des lunettes des informations additionnelles qui viennent se superposer à ce que voit celui qui les porte. Par contraste, les lunettes de Tikaway ne proposent qu'une fonction : une caméra logée dans une branche qui permet de transmettre en direct les images captées via un téléphone portable. Le tout déclenché par un simple bouton marche/arrêt.

Ces lunettes permettent ainsi à un observateur distant de voir exactement ce que regarde la personne présente sur place. Légères (56 grammes), elles peuvent être portées pendant de longues périodes, contrairement aux lunettes à réalité augmentée souvent accusées de causer des maux de tête.

« Les grandes entreprises envoient beaucoup de techniciens sur le terrain. Mais elles ont des problèmes car la ressource "expert" est très rare et elles doivent régulièrement utiliser des "juniors" », explique l'autre cofondateur Brice Agnès. Souvent donc cette première intervention est infructueuse et débouche sur l'envoi - coûteux et tardif - d'un spécialiste.

Certes, ces techniciens de terrain peuvent toujours converser avec leur superviseur par téléphone - mais ce dernier ne voit pas ce qui se passe sur place - ou par une application vidéo - mais là le technicien n'a plus qu'une main pour travailler. « Nous, on téléporte un expert sur le terrain », fait valoir M. Agnès.

Et Tikaway a développé toute une série de fonctionnalités pour faciliter ce dialogue. Le superviseur peut ainsi faire une captation d'écran, écrire sur la photo et la renvoyer avec ses instructions vers le téléphone que le technicien a fixé sur son bras par un brassard.

Collecte de fonds

Pour générer des ressources récurrentes, Tikaway commercialise ses lunettes et ses services associés par abonnement au prix de 990 euros (environ 1515 dollars canadiens) par an.

La jeune entreprise, qui emploie 11 personnes, compte 115 clients, pour l'essentiel des grands comptes. « Maintenant, on va se focaliser sur les PME », grâce à l'embauche de quatre commerciaux, ajoute Mme Bollard.  

Tikaway va continuer à décliner ce nouveau concept, avec le lancement prochain d'un module clipsable destiné à ceux qui portent déjà des lunettes, de vue ou de sécurité.

Les deux fondateurs, qui détiennent encore 75 % du capital de l'entreprise, ont déjà levé 650 000 euros en trois fois depuis la création de la société. Ils ambitionnent désormais de procéder à un nouveau tour de table, à 2 millions d'euros, vers la mi-2019.