C'est moins couru que le Mondial de l'auto de Paris, mais le salon Milipol qui a lieu chaque année à Villepinte, près de Paris est une véritable foire commerciale de la sécurité intérieure, attirant les polices de partout au monde. Pour le public, il ouvre une fenêtre sur des équipements high tech qui pourraient bientôt se retrouver dans un poste de police près de chez vous. Ils ne sont pas tous rassurants.

Gros calibres, drones et et intelligence artificielle

Il y a bien entendu la panoplie d'armes à feu de calibres toujours plus impressionnants, un arsenal qui reflète les niveau de risque maintenant assumés par la police en cette époque de menace terrorriste, mais aussi venant du crime organisé international.

Les véhicules blindés de plus en plus lourds --certains sont faits par des fabricants de chars d'assaut-- sont aussi un symbole de la militarisation de la police. 

Contrer les camions-béliers

Après les attentats au camion-bélier de Nice, de Berlin et dans d'autres espaces publics, on a présenté au Salon Milipol (qui vient de se terminer) des dispositifs de protection des foules plus flexibles que la pose de lourds blocs de bétons.

L'italien Pitagone S.A. montre une barrière modulaire contre les attaques au camion-bélier.

Reconnaissance faciale 

En matière de sécurité aéroportuaire, Idemia, a présenté le système d'enregistrement automatisé des passagers d'avions qu'il vient de déployer au terminal 4 de l'aéroport de Singapour.

Basé sur la reconnaissance faciale, de l'iris et des empreintes digitales, il permet de simplifier et d'accélérer le parcours des passagers depuis l'arrivée à l'aéroport à l'embarquement à bord, dont la durée n'excède pas 15 minutes désormais à Singapour.

Dans son application strictement policière, Morpho permet d'extraire rapidement des indices et de la preuve à partir des enregistrement vidéos des caméras publiques. Après un crime ou un attentat, il aiderait à reconnaître des visages, silhouettes, plaques d'autos et certains mouvements suspects en tamisant à haute vitesse de très grandes quantités d'images de foules et de trafic automobile.

Le camion blindé lourd livré à la police française est un produit par un fabricant de chars d'assaut français, Nexter. Photo: Reuters

Caméra pour chien d'attaque ou renifleur

Dog-cam 

D'autres entreprises, comme le français Groupe SSi et l'américain Mohoc, présentent des caméras à haute résolution munies d'émetteurs-récepteurs qu'on peut installer sur des casques ou sur des chiens policiers. Sur un chien, une telle dog-cam permet au maître-chien resté derrière de voir sur un écran portatif ce que voit le chien; et de lui donner des ordres.

Caméra 360°, lance-grenade et porte-drône

Autre solution qui pourrait être bientôt adoptée par la police nationale: un coffre de toit connecté destiné aux véhicules de police et de gendarmerie. Développé par l'équipentier militaire Thales en partenariat avec Gruau, transformateur de véhicules, ce coffre de toit amovible prend la place de la traditionnelle rampe lumineuse des voitures de police.

Il est doté d'équipements radios et de signalisation, de lecture automatisée des plaques d'immatriculation et offre une connectivité haut débit sécurisée. Il dispose également d'une caméra à 360° avec vision nocturne, d'une alarme de proximité et peut accueillir un drone ou diffuser du gaz lacrymogène.

Surtout, il peut être facilement installé sur un autre véhicule en cas d'immobilisation d'une voiture, un grand avantage pour la maintenance du parc automobile.

Le portique de sécurité Ion Track EntryScan3, de l'américain GE, peut détecter les vapeurs et particules microscopiques qui se dégagent des explosifs. PhotoL AP

La tablette pour informatiser l'enquête 

«Crim'in est la petite révolution de la police scientifique», explique à l'AFP Adrien Sivignon, enquêteur à la police technique et scientifique. «C'est une application qui va permettre d'abandonner le papier et le stylo au profit d'une tablette».

Déployée depuis lundi auprès de 12 000 enquêteurs de terrain en France, Crim'in a été développée à l'initiative du Service central de la police technique et scientifique (SCPTS) avec l'aide de deux sociétés, Sogeti, spécialisée dans la transformation digitale, et Trydea, une PME qui met au point des applications sur mesure.

Elle consiste à générer les rapports d'intervention qui sont ensuite transmis en soutien aux rapports oraux faits entre enquêteurs (en France, ils sont aussi transmis aux magistrats). C'est la liste des prélèvements, le fameux «album photo» de la scène de crime, le plan des lieux à l'échelle établi à l'aide d'appareils connectés, comme un télémètre laser.

Une fois le travail sur les lieux terminé, l'enquêteur transfère ces éléments via une connexion sécurisée vers un serveur et, de retour au bureau, il récupère ses données automatiquement mises en forme pour générer un rapport d'intervention.

L'application a déjà suscité l'intérêt de clients étrangers potentiels lors de Milipol, selon Jean-Philippe Mangeot, directeur de Trydea. «De nombreuses polices étrangères se sont intéressées à l'application», indique-t-il, notamment belges mais aussi chinoises.

- Avec l'Agence France-Presse

Le camion blindé lourd Nexter livré à l'escouade d'élite RAID, de la police nationale, est à toutes fins utiles un transport de troupes miltaire, mais sur roues au lieu de chenilles. Photo: AFP