Les cyberattaques à l'encontre d'entreprises américaines font l'effet d'une «douche froide» sur l'activité économique, a averti le secrétaire d'État américain John Kerry à Pékin, alors que Washington blâme volontiers la Chine pour ces attaques.

«Les épisodes de piratage informatique ont porté atteinte à notre économie et menacent la compétitivité de notre pays», a déclaré M. Kerry, au cours d'une intervention au ton ferme à l'issue d'une session de travail avec son homologue chinois.

Les relations sino-américaines ont pâti de l'inculpation en mai par la justice américaine de cinq officiers chinois pour piratage informatique et espionnage économique. Pékin avait réagi en se retirant d'un groupe de travail commun sur la sécurité informatique.

«Les pertes de propriété intellectuelle en raison de l'espionnage informatique font l'effet d'une douche froide sur l'innovation et les investissements», a martelé John Kerry, qui participait mardi et mercredi à Pékin à des négociations économiques et stratégiques à haut niveau entre les deux puissances.

De son côté, la Chine a régulièrement reproché à Washington son «hypocrisie», se disant elle aussi victime d'attaques informatiques et dénonçant le vaste système de surveillance mis en place dans le monde par les agences de renseignement américaines.

La cybersécurité est «une menace commune et un défi auquel font face tous les pays», a insisté jeudi Yang Jiechi, Conseiller d'État et chef de la diplomatie chinoise.

«Le cyberespace ne doit pas devenir un outil pour porter atteinte aux intérêts des autres pays», a-t-il averti.

En dépit des requêtes américaines, Pékin a refusé de reprendre le groupe de travail commun sur le sujet.

John Kerry a par ailleurs indiqué que les deux parties avaient discuté de la péninsule coréenne et des «moyens spécifiques» pour s'assurer que Pyongyang se plie à ses obligations concernant son programme nucléaire, sans livrer plus de détails.

Enfin, les questions commerciales figuraient aussi à l'agenda des discussions entre les deux pays, qui s'opposent notamment sur la question du yuan. Washington estime qu'une sous-évaluation artificiellement orchestrée de la devise chinoise constitue un avantage commercial déloyal pour le géant asiatique.

La Chine «s'est engagée à réduire ses interventions (sur le yuan) en fonction des conditions» et «se prépare à accroître la transparence sur le marché des changes» pour permettre au cours du yuan de «mieux refléter» les tendances du marché, s'est réjoui le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew --une formulation reprenant des déclarations d'intention fréquemment avancées par Pékin.