Le fabricant de téléphones américain Motorola, filiale de géant de l'internet Google, compte sur une politique de prix agressive pour rebâtir ses parts de marché sur le marché des téléphones intelligents où il a été distancé par Apple et Samsung.

«Le goût des consommateurs change et il y a actuellement un important courant sous-jacent de consommateurs qui disent: je ne veux plus payer autant pour mon téléphone», indique lundi Dennis Woodside, directeur général de Motorola, lors d'une interview accordée à l'AFP en marge du salon d'électronique grand public International CES à Las Vegas. «C'est une grande opportunité.»

Motorola entend ainsi «profiter des cinq prochains milliards de consommateurs qui n'ont pas les moyens d'avoir un téléphone intelligent à 600 dollars». «Il y aura différents téléphones à différents prix, mais nous serons très agressifs», promet M. Woodside.

Motorola vient notamment de baisser le prix aux États-Unis de son actuel modèle vedette, le téléphone intelligent personnalisable Moto X dévoilé l'été dernier, de 550 à 399 dollars.

Certains analystes y ont vu une tentative pour accélérer des ventes décevantes. M. Woodside affirme avoir répondu à une vraie demande. «Quand nous avons fixé le prix du Moto X à 399 dollars aux États-Unis pour une promotion, nous avons vendu des dizaines de milliers d'unités en l'espace de 8 minutes», relève-t-il.

Même si des prix plus bas signifient des marges plus faibles, Motorola assure gagner de l'argent «sur chaque modèle» vendu. La société n'en accumule pas moins les pertes, malgré les lourdes suppressions d'emplois et cessions d'activités qui ont suivi son rachat par Google courant 2012.

«À l'heure actuelle, la priorité est d'augmenter le chiffre d'affaires», répond M. Woodside. «Les résultats suivront d'eux-mêmes quand nous aurons l'échelle dont nous avons besoin». Il n'a toutefois pas voulu fixer un objectif de retour dans le vert.

«Nous sommes en train d'essayer de reconstruire l'activité», souligne-t-il encore. «Comme avec n'importe quel redressement, nous essayons de sortir des produits qui parlent à un nouveau public.»

Il relève en particulier que parmi les consommateurs qui utilisent l'outil de personnalisation des couleurs ou des matériaux du Moto X, «80% ont moins de 35 ans, et c'est très différent du profil historique (des clients) de Motorola. Nous pouvons donc séduire ce public plus jeune».

Il s'est aussi dit satisfait de l'accueil réservé au tout dernier modèle «low cost», le Moto X, destiné notamment aux marchés émergents mais distribué également grâce à ces deux modèles, Motorola vit actuellement «ses meilleurs jours pour les smartphones», assure-t-il, sans toutefois divulguer ses niveaux de ventes.