Oracle a publié lundi soir (deux jours plus tôt que prévu) des résultats annuels et trimestriels supérieurs aux attentes.

La réaction de Wall Street est forte: à un certain moment durant la séance boursière de mardi, l'action d'Oracle gagnait plus de 5% au Nasdaq.

La rentabilité montre une progression de 17% à 9,98 milliards de dollars pour l'ensemble de l'exercice 2011-2012.

Pour le seul quatrième trimestre, les profits affichent en hausse de 8% à 3,45 milliards de dollars.

Rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels, le bénéfice revient à 2,42$ par action pour l'année et 82 cents pour le trimestre, alors que les analystes attendaient respectivement 2,42$ et 78 cents.

Le chiffre d'affaires a progressé de 4% à 37,12 milliards de dollars pour l'année.

Toutefois, il n'a enregistré qu'une hausse de 1% au dernier trimestre, à 10,92 milliards de dollars, souffrant d'une chute des ventes de matériels.

Les analystes avaient tablé sur une progression encore plus médiocre à 10,89 milliards.

Oracle fait valoir qu'il a souffert du raffermissement du dollar, qui a amputé à la fois le bénéfice et le chiffre d'affaires.

L'entreprise avait prévu à l'origine de ne publier ses résultats que mercredi, et semblait avoir avancé l'échéance pour répondre à des rumeurs sur des dissensions parmi les membres de la direction, qui avaient pesé sur le cours durant la journée.

Selon la chaîne CNBC, le patron des ventes du groupe en Amérique du Nord, Keith Block, dont les relations avec le numéro deux Mark Hurd étaient mauvaises, a effectivement quitté Oracle.

Le Wall Street Journal précisait en soirée qu'un contentieux entre Oracle et Hewlett-Packard avait été l'occasion de mettre au jour des courriels datant de 2011 où M. Block critiquait M. Hurd et l'acquisition du groupe Sun Microsystems en 2010.

Lors d'une téléconférence, M. Hurd, qui a le titre de «président», a indiqué que la force de vente avait progressé de 3300 personnes durant l'année, tandis que les départs étaient «en nette baisse», notamment parmi les vendeurs aux meilleures performances.

La directrice financière, Safra Catz, a souligné pour sa part que le groupe avait collectionné les records au quatrième trimestre, en termes de ventes de nouvelles licences de logiciels (4 milliards de dollars), de ventes totales de logiciels (8 milliards de dollars), de chiffre d'affaires et de bénéfice par action.

En revanche, les ventes de matériels ont une nouvelle fois accusé une baisse: -9% pour l'ensemble de l'année à 6,3 milliards de dollars, et -14% pour le seul quatrième trimestre.

Oracle produit des serveurs depuis le rachat de Sun Microsystems et a décidé de se spécialiser dans des systèmes tout-en-un haut de gamme, affirmant sacrifier délibérément des systèmes plus bas de gamme où les marges sont moins fortes.

Le fondateur et pdg, Larry Ellison, a redit qu'il avait pour objectif de détrôner IBM dans les produits pour entreprises, y compris les serveurs haut de gamme, vantant une croissance «bien plus forte» que celle du groupe new-yorkais centenaire.

Les recettes tirées des services ont aussi accusé un recul de 4% durant la période mars-mai (à 1,2 milliard), même si sur l'année elles affichent une maigre progression de 1% (à 4,7 milliards).

Le groupe californien a par ailleurs annoncé qu'il augmentait de 10 milliards de dollars son programme de rachat d'actions, et qu'il pensait dépenser autant cette année que durant les trois années écoulées réunies pour racheter les titres des investisseurs.

Le groupe en a les moyens: il disposait de près de 15 milliards de dollars de liquidités au 31 mai.

Pour ce qui est du trimestre qui vient de commencer, Mme Catz a indiqué qu'elle tablait sur une évolution du chiffre d'affaires comprise entre -2% et +1% si le dollar reste à son niveau actuel, soit une prévision inférieure aux attentes du marché (+3,3%).

Le bénéfice courant par action est en revanche attendu entre 51 et 55 cents, ce qui correspond aux attentes (53 cents).