Loin de l'agitation de Wall Street où Facebook s'apprête à entrer en Bourse, un cofondateur du géant des réseaux sociaux, Eduardo Saverin, mène une vie tranquille à Singapour où il investit sa fortune dans des start-ups technologiques.

Le Brésilien, qui avait créé Facebook avec Mark Zuckerberg et deux autres amis à Harvard en 2004, a abandonné sa nationalité américaine et veut s'installer définitivement à Singapour, la ville-État prospère du sud-est asiatique.

Comme le raconte le film «The social network», Saverin, âgé maintenant de 30 ans, avait mis son sens des affaires au service de l'entreprise, portée par le génie informatique de Zuckerberg, lorsqu'ils ont créé ensemble le site internet le plus populaire au monde.

Les deux amis se sont violemment disputés lorsque la part de Saverin dans le capital a été fortement diluée, mais il devrait largement bénéficier de la mise en Bourse de Facebook, prévue vendredi.

Les critiques affirment que Saverin a renoncé à sa nationalité américaine pour éviter de payer l'impôt sur la plus-value sur sa fortune, estimée à 3,4 milliards de dollars US par le site internet «À qui appartient Facebook?».

Selon ce site, le jeune Brésilien détient 4% du capital.

Si ce chiffre est confirmé, Eduardo Saverin sera un des résidents de Singapour les plus riches.

Fuyant les médias, il bénéficie dans ce centre technologique et financier de l'Asie d'un anonymat qui lui échapperait aux États-Unis.

Tom Goodman, le porte-parole de Saverin à New York, a refusé de préciser la part de son client dans le capital de Facebook et affirme que la question des impôts n'a pas joué dans la décision de s'exiler.

C'est simplement que «Saverin a trouvé plus pratique de devenir un résident de Singapour» pour le long terme.

«Il estime que Singapour est au centre de la zone où il faut être pour la croissance, notamment dans tout ce qui touche à la technologie grand public, avec un marché internet et de portables qui s'accroît vite et va devenir dominant au niveau mondial», a déclaré Tom Goodman.

«Il prévoit d'investir dans des groupes brésiliens et internationaux qui sont très intéressés par l'entrée sur les marchés asiatiques», a-t-il ajouté.

L'impôt sur la plus-value n'existe pas à Singapour.

Les habitants les plus riches sont imposés à 20%, un taux moins élevé que les 35% de taux marginal pour les plus riches aux États-Unis.

Eduardo Saverin, dont l'argent et les conseils sont très recherchés par les acteurs du secteur de la technologie à Singapour, refuse les entretiens avec la presse et limite ses apparitions publiques.

Ceux qui le connaissent assurent qu'il est sans prétention et qu'il protège sa vie privée, mais qu'il reste accessible.

Il est apparu à quelques reprises dans la presse au bras de jeunes beautés, dont Rachel Kum, Miss Singapour 2009.

Perx, une start-up du web de Singapour, est une des entreprises dans laquelle Saverin a investi.

Selon le cofondateur de l'entreprise, Andrew Roth, Saverin a mis la main à la poche en 2011 et fournit ses conseils sur le développement de son application pour l'iPhone, une carte virtuelle de fidélité qui récompense les clients de restaurants, boutiques et autres établissements. Elle compte 40 000 clients.

«Il s'investit de plus en plus côté produits (...) et nous a donné des conseils très pertinents sur la façon de s'améliorer», a indiqué Roth.

Anideo, autre société technologique singapourienne connue pour son application de streaming vidéo sur mobile, Denso, a également reçu des fonds de Saverin.

Pour Tom Goodman, la présence de cette star des nouvelles technologies attire des entreprises «de première classe» à Singapour et dynamise le secteur des start-ups.