Un policier, auteur d'un blogue anonyme sur la police qui avait été démasqué par le Times de Londres, a décidé de poursuivre le journal pour le piratage de ses courriels.

Richard Horton s'est pourvu cette semaine devant la Haute Cour de Londres, a précisé à l'AFP son avocat Patrick Daulby.

Outre des dommages et intérêts, le policier entend obtenir des excuses du quotidien pour «abus de confiance, usage abusif d'informations privées et tromperie».

News International, la branche qui chapeaute les journaux britanniques appartenant au groupe de Rupert Murdoch (dont le Times), s'est refusé à tout commentaire.

Le rédacteur en chef du Times, James Harding, avait reconnu en février, devant une commission d'enquête sur les pratiques de la presse, qu'un journaliste de la rédaction avait accédé en 2009 aux courriels du policier, qui tenait un blogue très populaire sur les coulisses de la vie policière.

Le reporter, qui cherchait à démasquer l'auteur du blogue, avait fait l'objet d'un avertissement écrit de sa hiérarchie. Il a depuis quitté le journal.

«Le Times n'a jamais eu recours au piratage informatique, ni jamais demandé à qui que ce soit d'y recourir pour obtenir des informations», avait assuré James Harding.

Richard Horton s'était pourvu devant la justice pour obtenir que l'article divulguant son nom ne soit pas publié, mais il avait été débouté.

Il était ensuite apparu que le journal n'avait pas donné au tribunal une version complète des faits, se contentant d'indiquer que le reporter avait identifié le policier grâce à des «informations accessibles au public, de la patience et de simples déductions».

Saisie par un membre de la commission parlementaire, la police britannique a ouvert une enquête sur cette affaire, en marge des investigations sur le scandale des écoutes.

Au centre de ce scandale tentaculaire se trouve l'un des ex-fleurons du groupe Murdoch, le tabloïde News of the World, soupçonné d'avoir fait écouter 800 personnes dans les années 2000 pour alimenter sa machine à scoops.

Le News of the World a dû fermer précipitamment l'été dernier, emporté par le scandale.