Une tendance forte se profile à l'horizon des nouvelles technologies: la commande vocale. Jusqu'ici maladroite et irrégulière, cette capacité qu'ont les appareils électroniques de réagir à nos paroles promet de simplifier leur utilisation. À condition qu'on s'ôte les doigts de la bouche...

Au cours des derniers jours, on a fait grand cas de la mise en marché de la cinquième génération du téléphone iPhone, d'Apple. L'iPhone 4S est en vente depuis hier seulement, mais déjà, sa caractéristique la plus frappante, appelée Siri, fait beaucoup parler.

Acquise par Apple au début de l'an dernier, Siri est une application qui vise à comprendre la langue telle qu'on la parle naturellement: il suffit de lui dire «J'ai faim» pour que l'appareil nous fournisse une liste de restaurants situés à proximité. Dans les conditions idéales, ça peut aller bien plus loin encore: «Dis à Lise et Stéphane que la soirée d'hier était bien amusante» devrait inciter l'appareil à leur envoyer un texto contenant précisément ce message.

Évidemment, Apple n'est pas la première société technologique à s'intéresser à la commande vocale. On n'a qu'à penser à Ford et son système Sync. Nuance Communications, une boîte de Boston qui a des bureaux à Montréal, vend depuis des années une suite pour PC et appareils mobiles, nommée Dragon. Elle tente actuellement une première incursion du côté de l'aviation, avec US Airways, qui teste un système de réservation téléphonique à commande vocale seulement.

Microsoft a aussi son mot à dire dans ce marché. La mise à jour de Windows Phone 7, offerte depuis environ un mois, offre une commande vocale similaire à Siri aux propriétaires d'un téléphone compatible. Baptisée TellMe, cette application est le fruit de l'acquisition par Microsoft, en 2007, de la société du même nom.

Tous ces outils ont des limites évidentes: leur compréhension est surtout bonne pour l'anglais et, marginalement, deux ou trois autres langues. Ils gèrent très mal les nombreux accents régionaux, peu importe la langue. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, mais les jours du clavier sont tout de même comptés, assure Frank Gillett, un analyste de Forrester Research qui suit de près le phénomène.

«Ces nouveaux services tiennent compte du contexte et créent une expérience plus personnelle et intime que jamais. C'est le début d'une nouvelle forme d'interaction avec les appareils électroniques. Microsoft et Nuance connaissent un haut taux d'adoption dans des milieux très spécifiques. Apple rend la commande vocale contextualisée accessible au grand public.»

Sur ce plan, la guerre de mots entre Apple et Microsoft est engagée. Microsoft compte intégrer TellMe à Windows 8, à son moteur de recherche Bing et même à la Xbox 360. Steve Ballmer et sa bande espèrent un jour voir leur solution remplacer la télécommande: il suffira de dire à sa console Xbox le nom de la chaîne ou de l'émission qu'on souhaite regarder pour que tout se fasse automatiquement. Les analystes voient Siri sur les futurs iPhone, iPad et Mac.

Bref, il faudra s'y faire, la commande vocale est au goût du jour. Si cela continue, ce n'est plus le doigté au clavier qui sera un atout pour les employés de bureau, mais une diction impeccable!