Microsoft a payé 8,5 milliards pour Skype. Les analystes s'entendent pour dire que c'est beaucoup. C'est peut-être deux fois plus que ce qu'auraient payé Facebook ou Google. Steve Ballmer, PDG de Microsoft, semble miser quitte ou double sur l'avenir des principales sources de revenus de son entreprise.

En intégrant les fonctions de clavardage, d'appels vocaux d'appels vidéo de Skype à sa plateforme Windows Live, qui comprend déjà un service grand public similaire, Messenger, Microsoft fait d'une pierre plusieurs coups, s'armant pour rivaliser avec Apple et Google du côté de la mobilité informatique, et avec Cisco et HP du côté des services aux entreprises.

> Suivez Alain McKenna sur Twitter! (@mcken)

Il ne faut pas l'oublier, si le marché des consommateurs n'est pas à négliger, pour un géant des logiciels comme Microsoft, l'important est de continuer à dominer le marché des entreprises, ce que Messenger ne peut pas faire. Des 170 millions de réguliers sur Skype, on peut raisonnablement penser qu'une bonne proportion s'en sert dans le cadre du travail.

Skype semble posséder une réputation plus crédible, et probablement aussi une sécurité accrue, ce qui jouera à son avantage lorsque ses fonctions seront intégrées à la suite Office, ou à la plateforme de communication intégrée Lync, de Microsoft. De ce côté, c'est Cisco qui devra réagir. L'entreprise de San Francisco a subi une dure défaite du côté consommateur, forcée d'élaguer la division de caméras vidéo Flip, plus tôt cette année. Sa plateforme de vidéoconférence, elle, est coûteuse, mais semble populaire en entreprise.

Dans la même veine, si Microsoft décide d'utiliser Skype dans ses produits commerciaux, comme la technologie d'affichage Surface, par exemple, elle pourrait aussi créer de nouveaux outils de marketing qui sauront plaire aux détaillants férus d'interactivité avec leur clientèle.

Microsoft Skype, Apple Facetime et Google Talk

Une des raisons qu'utilisera sans doute la direction de Microsoft pour justifier un prix d'achat élevé (outre les 50 milliards US qui dormaient dans ses coffres, et ses 5,7 milliards de profits nets l'an dernier), c'est la déclinaison du service sur les différentes plateformes du groupe.

Du côté grand public, on songe à la console Xbox et à sa Kinect, un appareil vidéo déjà installé dans 10 millions de foyers. Microsoft a déjà admis qu'elle comptait installer Skype sur la Xbox 360 le plus tôt possible. Peut-être faudra-t-il attendre une troisième génération de la console, que les rumeurs annoncent pour l'an prochain?

Chose sûre, en installant Skype sur Office, sur la Xbox et sur les appareils Windows Phone, Microsoft ferait un bond de géant dans le créneau très émergent des communications vidéo tous azimuts, où Apple et Google, ses deux principaux rivaux, ont déjà déposé un orteil. Facetime relie les iPhone, iPad et ordinateurs Mac entre eux, alors que Google Talk est tranquillement déployé par Google sur ses produits mobiles, en plus d'être déjà présent sur le web et sur PC.

Détail intéressant : seul Skype tentait déjà d'offrir une communication vidéo pour téléviseur. Microsoft se placerait ainsi en tête de peloton. Reste à voir si elle saura profiter de cette promotion, ou, comme on l'a déjà vu dans le passé, si cette acquisition se fera plus difficilement que prévu. Chose certaine, son potentiel est énorme, puisqu'il pourrait contribuer à relancer les divisions les plus lucratives du fameux géant de Redmond.