Téléphones, tablettes, caméscopes ou encore jeux vidéos sont très dépendants d'une production japonaise en partie paralysée par le séisme et, même si les ventes ne devraient pas vraiment en pâtir, hausses des prix et retards de livraison sont à prévoir, selon les experts.

«Des semi-conducteurs aux écrans, en passant par l'électronique automobile et grand public, les effets du séisme japonais continuent de se propager dans le monde», souligne Dale Ford, vice-président du cabinet IHS, en rappelant que «la base industrielle du Japon (a été) endommagée».

Avec 15% à 20% de la production électronique mondiale, «le Japon occupe des positions clés dans certains domaines qui peuvent détériorer cette industrie et tout ce qui en dépend», abonde Jean-Philippe Dauvin, du cabinet Décision.

30% des jeux vidéo, 40% des caméscopes et appareils photo et 15% des téléviseurs vendus dans le monde sont fabriqués sur le sol japonais, selon lui.

Par exemple, «40 à 50 usines de puces sur les quelque 140 que compte le Japon sont arrêtées», souligne-t-il. Or des composants comme les mémoires DRAM et NAND sont indispensables aux tablettes et smartphones, mais aussi aux décodeurs TV. D'autres servent à faire des écrans plats ou batteries.

D'ici à un mois, «il y aura des ruptures d'approvisionnement sur l'ensemble des chaînes de production dites grand public avec des augmentations des prix sur les semi-conducteurs et puces, lesquels vont forcément renchérir les prix des produits finaux pour les consommateurs», selon M. Dauvin.

Les très populaires tablettes iPad et iPhone d'Apple, assemblées pour la plupart en Chine mais truffées de composants high-tech japonais, devraient être concernées.

«Les produits nouveaux qui tirent la croissance seront particulièrement touchés», pointe M. Dauvin. «Dans un téléphone intelligent, il y a pour 100 euros de semi-conducteurs (...) Là-dedans, il y a forcément des mémoires et composants japonais», avance-t-il.

Par ailleurs, les caméscopes, téléviseurs et jeux vidéos habituellement fabriqués au Japon seront touchés.

Globalement, l'expert s'attend à «une pénurie, à des retards de sortie de produits, à un allongement des délais de livraison des produits, à l'arrêt de certaines productions, ce qui va forcément porter préjudice à la chaîne de valeur car un produit qu'on ne vend pas, c'est du chiffre d'affaires qui disparaît».

«D'ici trois semaines, les tuyaux d'approvisionnement commenceront à se vider», prédit M. Dauvin. Cela est d'autant plus problématique que les usines tournent normalement à plein régime à partir d'avril-mai pour fabriquer ces produits qui s'arrachent à la rentrée de septembre, mais aussi pendant les fêtes de fin d'année.

À cela s'ajoute qu'il est difficile de prévoir la reprise de la production au Japon car les répliques gênent le fonctionnement des usines encore debout et l'électricité japonaise est rationnée.

Le fabricant de composants américain Texas Instruments a indiqué mercredi que l'impact du séisme sur l'une de ses usines japonaises ne devrait pas être pleinement résorbé avant l'automne.

Le cabinet américain Gartner s'est dit toutefois «un peu plus optimiste» que juste après la séisme. Selon lui, les dépenses en nouvelles technologies devraient progresser de 5,6% pour atteindre 3600 milliards de dollars dans le monde en 2011, dopées surtout par les tablettes.

«L'impact de la catastrophe au Japon (sur l'industrie mondiale) ne s'est pas vraiment fait sentir à ce jour», estime Richard Gordon, vice-président chargé de la recherche chez Gartner.

«Nous avons vu ces dernières semaines qu'il y avait assez de flexibilité dans la livraison de composants» car les fabricants se sont tournés vers d'autres pays pour s'approvisionner, a-t-il ajouté. «Mais on pourrait voir apparaître une certaine pénurie en avril ou mai»