Le gouvernement indien a fait les gros titres de la presse mondiale cet été en dévoilant un prototype d'ordinateur à 35 dollars mais les questions s'accumulent aujourd'hui pour savoir si cet ambitieux projet est vraiment réalisable.

Lors de la présentation du prototype en juillet, le ministre du Développment et des ressources humaines, Kapil Sibal, avait fait le voeu que «les solutions pour demain viennent de l'Inde» en dévoilant le prix renversant de l'appareil, incroyablement bon marché par rapport aux 500 dollars de l'iPad d'Apple.

Les autorités avaient même indiqué que le prix de l'ordinateur à écran tactile, en fait une tablette informatique destinée à équiper les millions d'étudiants indiens, pourrait descendre jusqu'à 10 dollars une fois que la cadence de la production aura augmenté.

L'outil informatique, auquel il manque encore un nom, a été fièrement présenté comme pouvant fonctionner à l'énergie solaire, et doté d'un navigateur internet, d'un lecteur média, d'une fonction permettant les vidéoconférences ainsi que d'une bonne capacité de stockage des données.

«Il devrait révolutionner le système éducatif dans notre pays. Il aura un impact très positif dans le cadre de notre campagne d'alphabétisation», a assuré M. Sibal à l'AFP la semaine dernière.

Le ministre espère que dix millions d'ordinateurs seront fabriqués dans les 12 mois suivant la sortie du premier exemplaire.

Mais les promesses indiennes d'«un ordinateur de masse» se sont déjà heurtées dans le passé à de sérieuses difficultés. Le gouvernement avait déjà annoncé en 2005 et 2009 être sur le point de le mettre en vente.

Terry Thomas, qui travaille pour la branche indienne du cabinet d'audit Ernst and Young, est l'un de ceux qui prennent avec prudence l'annonce tonitruante du gouvernement cet été.

«Un ordinateur avec toutes les fonctionnalités normales à ce prix-là ne sera pas viable à moins qu'il ne soit subventionné par le gouvernement ou l'industrie», met-il en garde. Le gouvernement avait annoncé qu'il pourrait aider les étudiants à hauteur de 50% du prix.

Selon lui, un outil informatique avec moins de prétentions pourrait peut-être voir le jour à un prix avoisinant les 35 dollars mais les consommateurs risqueraient d'être assez peu impressionnés par l'objet, dit-il.

Les 100 000 premiers ordinateurs devraient être mis sur le marché en janvier mais le public dispose encore de peu d'éléments précis. Le montant des subventions gouvernementales, essentielles pour maintenir un bas prix, est également encore flou.

Les experts ont aussi prévenu que le prix du portable pourrait se heurter à la hausse des charges salariales en Inde.

Quelques semaines avant la sortie des premiers modèles, le gouvernement n'a toujours pas voulu révéler le nom des fabricants.

L'association indienne des fabricants en technologie de l'information (MAIT) a souligné que les subventions du gouvernement risquaient de ne pas pouvoir garantir le prix de 35 dollars (environ 1600 roupies).

Le directeur exécutif de la MAIT, Ashwani Aggarwal, a aussi soulevé la question de savoir si le prix final incluait les taxes, les charges de transport et les coûts de livraison.

En attendant la sortie de l'ordinateur, le ministère a annoncé qu'il allait installer de l'internet haut débit dans l'ensemble des 22 000 établissements supérieurs indiens pour que les étudiants puissent utiliser le nouvel outil.