C'est au tour de Microsoft d'espérer pouvoir unifier assez de sources de contenu télévisuel et cinématographique afin de lancer son propre service de télé branchée, à travers son imposante plateforme Xbox Live. Les millions d'appareils Xbox déjà en marché lui assureraient une place de choix dans ce créneau émergent, qu'Apple et Google ont toute la misère du monde à percer faute d'avoir réuni suffisamment de sources de contenu vidéo.

L'Apple TV, un petit récepteur numérique devant concentrer plusieurs sources de contenu vidéo en un seul endroit, le salon des consommateurs branchés, a toujours été qualifié de « passe-temps » par Steve Jobs. La deuxième génération de cet appareil, mise en marché cet automne, est plus abordable, mais possède encore une lacune imposante : les sources de contenu y sont pour le moment insuffisantes pour régner sur ce marché à la façon du iPod sur le marché de la musique numérique.

Google aussi offre sa propre « TV », un logiciel qui s'insère sur les téléviseurs et récepteurs numériques entre le signal télévisuel et le téléspectateur. Ça permet d'afficher, outre le signal télé de son choix, du contenu tiré du web. Sony et Logitech offrent toutes deux leurs produits Google TV depuis environ un mois, mais l'opération semble susciter très peu d'intérêt : déjà, Sony liquide ses téléviseurs Google TV aux États-Unis.

Le principal problème de ces deux produits est le même au Canada comme aux États-Unis : l'offre télévisuelle et cinématographique est trop morcelée. Google se frappe au non-recevoir des diffuseurs qui détestent offrir du contenu à l'entreprise qui leur a ravi une si grande part de la tarte publicitaire globale. Même le service Netflix, pourtant le géant au coeur de la révolution des films numériques, ne convainc pas une majorité des studios et des producteurs nord-américains.

Ça se corsera encore un peu plus avec la réaction épidermique des câblos, également fournisseurs de services internet, lorsqu'ils verront leur part de marché s'effriter au profit de la webtélé. Aux États-Unis, les imposants Comcast et Time Warner sont parmi ceux qui souhaiteraient pouvoir abattre la fameuse neutralité du réseau internet au profit de leurs propres services de télédiffusion en ligne.

Attendez de voir comment réagiront Vidéotron et Bell auprès du CRTC lorsqu'ils perdront des milliers d'abonnés chaque mois, au profit de services web concurrents qu'ils seront obligés de laisser passer sur leur bande passante au profit de clients qui ne leur paieront plus qu'une demi-mensualité. On risque de revoir apparaître la fameuse question du contrôle de la bande passante...

Malgré tout cela, l'abandon du câble est une réalité aux États-Unis, où on le surnomme « cord cutting » (on coupe le cordon, essentiellement). Depuis plus d'un an, les consommateurs se désabonnent des services télévisuels traditionnels au profit de services en ligne comme Netflix ou Hulu (ce dernier est bloqué sur Google TV). 741 000 clients ont posé ce geste ces trois derniers mois, selon les chercheurs de SNL Kagan, qui compilent ces statistiques depuis une trentaine d'années. Au Québec aussi c'est la même tendance. Le Cefrio constate que «2011 pourrait être l'année de la télévision en ligne», vu la progression de la fréquentation de services comme Tou.tv et Illico web.

C'est là où Microsoft apparaît dans le portrait, espérant se positionner comme câblodistributeur virtuel, en quelque sorte, une approche différente, mais similaire à celles d'Apple et Google. Microsoft espère convaincre les ABC, NBC, Fox, CBS, ESPN et autres CNN d'offrir leurs émissions de télé via son réseau Xbox Live. Le portail MSNBC.com est la carte cachée dans sa manche : il tend à prouver que la cohabitation web-télé est possible pour les diffuseurs.

Succès ou pas, ça confirme une chose : le contenu est la clé. Pour le moment, aucune solution unique ne répond à toutes les attentes, preuve sans doute du succès mitigé des Apple, Google et Sony. Voilà pour la raison justifiant l'approche mise de l'avant par Microsoft...