Le géant japonais de l'électronique Sony a annoncé jeudi le lancement début décembre au Japon de ses appareils électroniques de lecture «Reader» et l'ouverture d'une librairie virtuelle dédiée, après avoir fait de même dans une bonne douzaine de pays étrangers.

Deux modèles de «Reader», Pocket Edition et Touch Edition, seront proposés le 10 décembre dans quelque 300 magasins nippons, pour un prix de 20 000 yens et 25 000 yens (240 et 300 dollars).

Parallèlement, Sony ouvrira un service de vente de livres numérisés à télécharger via un ordinateur. La librairie comptera au départ 20 000 ouvrages.

«Pour Sony, la lecture est le quatrième divertissement après la musique, les films/vidéos et jeux», a insisté Fujio Noguchi, responsable de l'activité des livres électroniques du groupe.

Sony avait déjà lancé en 2004 au Japon un appareil proche du Reader, baptisé Librie, mais qui était fastidieux à utiliser et fut un échec. Les Japonais n'avaient alors d'yeux que pour leur téléphone portable, terminal de poche pour lequel s'est développé depuis un déjà important marché du livre numérisé.

Actuellement, l'essentiel des ouvrages en format numérique téléchargés et lus sur mobiles sont toutefois des mangas.

L'intérêt pour les appareils dédiés à plus grand écran est revenu au Japon grâce au succès rencontré par Sony à l'étranger avec les Reader (proposés depuis plusieurs années en Occident), et du fait de l'attrait suscité par les tablettes électroniques de type iPad de l'américain Apple.

Sony dit viser le marché des gros lecteurs, ceux qui dévorent au moins trois livres par mois, évalué à 20 millions de personnes au Japon.

Le groupe espère vendre 300 000 Reader en son pays la première année, et escompte une part de 50% de ce marché à horizon 2012 lorsque les ventes totales de terminaux électroniques spécifiques pour la lecture dépasseront 1 million d'unités par an.

Pressé de lancer son service alors que la concurrence s'agite, l'offre de Sony sera limitée dans un premier temps, mais le groupe a promis de rapides évolutions.

Il a par ailleurs créé récemment une coentreprise avec le deuxième opérateur de télécommunications nippon, KDDI, le groupe de presse Asahi et la firme de techniques d'impression japonaise Toppan, afin de proposer des services pour une diversité de terminaux, et pas uniquement ses Reader.

Récemment, plusieurs alliances se sont formées au Japon pour développer rapidement le marché des livres électroniques avec, selon les acteurs concernés, «le souci de ne pas tuer les librairies ayant pignon sur rues et de protéger les droits des éditeurs et auteurs».

Le consortium autour de Sony répond à celui formé par le rival de KDDI, NTT Docomo, et le concurrent de Toppan, Dai Nippon Printing (DNP). Il est aussi une réponse au duo constitué par le troisième opérateur de télécommunication nippon, Softbank, et le groupe américain Apple.

Par ailleurs, la firme d'électronique Sharp s'est associée à une importante chaîne de distribution de livres, périodiques et autres contenus, Tsutaya, pour accompagner le lancement d'une gamme d'ardoises électroniques multimédias appelées «Galapagos».

Sharp est le créateur d'un format de fichier de livres numérisés, XMDF, qui est devenu un standard au Japon.

Divers autre grands noms nippons de l'univers des produits numériques (Toshiba, NEC, etc.) ont aussi conçu des terminaux de lecture et des prestations techniques afférentes.