Les «hackers» américains qui se réunissent annuellement à la conférence «DefCon» de Las Vegas ont désormais plus de chance d'en repartir avec un rendez-vous d'embauche en poche qu'avec des menottes.

Alors que DefCon a longtemps été considéré comme un repaire de «pirates informatiques», infiltré par les forces de l'ordre venues y débusquer les malfaiteurs les plus calés dans la destruction de barrières de sécurité informatique, la conférence est devenue durant le week-end une plateforme d'échanges entre amateurs doués et recruteurs en mal de cerveaux.

Les «hackers» américains se plaignaient depuis longtemps d'être injustement décrits comme des vandales ou des voyous, alors qu'ils se voient plutôt comme des informaticiens passionnés par le défi de démonter le fonctionnement des appareils informatiques.

Ces derniers jours à Las Vegas, leur lutte pour la reconnaissance semblait proche de la victoire, les agents fédéraux ne s'infiltrant plus anonymement à la conférence DefCon, mais s'affichant ouvertement, badge à la ceinture et offres d'emploi aux lèvres.

«La peur de l'inconnu a laissé la place à la volonté que le boulot soit fait», déclare à AFP Matt Lewis, qui fréquente depuis longtemps DefCon avec pour nom de code de hacker «Barcode».

«Dès que (la police) a cessé d'essayer de nous mettre en prison, nous sommes devenus légitimes», ajoute-t-il.

Mais il y a quinze ans, M. Lewis avait acheté son billet d'avion sous un faux nom pour aller à la conférence DefCon, et la police fédérale avait perquisitionné son domicile.

Désormais, la police se dit que ceux qu'elle prenait naguère pour des voyous peuvent être des alliés. De leur côté, les adolescents qui parvenaient à la gloire dans les mondes virtuels ont mûri, et se disent que ce serait bien de gagner de l'argent dans le monde réel, résume le hacker.

«Ces hackers de 15 ans ont grandi», déclare M. Lewis. «Il se trouve qu'il est bien plus rentable de travailler pour la police que de faire griller des hamburgers».

Déjà l'année dernière, un organisme militaire américain avait recruté 62 personnes à DefCon.

Dimanche, un discret réseau de bénévoles spécialistes de la sécurité sur internet, Vigilant, qui collabore volontiers avec les autorités américaines, est sorti de l'ombre pour la première fois pour recruter lors de cette conférence.

Son responsable, Chet Uber, s'est étonné qu'il n'y ait pas plus d'entreprises représentées à la conférence. «Il devrait y avoir ici des sociétés qui viennent recruter», dit-il, estimant que les entreprises privées «ont peur de se retrouver avec des gens qui ont des cheveux verts dressés sur la tête.

Par ailleurs, on a vu à DefCon des tentatives de rapprochement entre hackers américains et chinois.

«Nous voulons que les deux cultures de hackers se comprennent», déclare Colin Ames, organisateur d'une conférence similaire, XCon, qui s'ouvre mercredi à Pékin.

«La Chine a de bons hackers, comme les autres pays», explique Anthony Lai, un spécialiste de la sécurité informatique basé à Hong Kong qui travaille également à ce projet, «j'espère que cette culture peut gagner d'autres pays».

«Cela n'a pas de sens de dire que tous les hackers chinois sont malfaisants et à la solde du gouvernement», ajoute M. Ames.