La chose la plus irritante dans le monde des technologies, c'est d'attendre les innovations. Les fabricants d'appareils électroniques, si prompts à vanter sur la place publique la moindre percée faite dans leurs laboratoires, préfèrent généralement égrainer leurs découvertes sur plusieurs générations de gadgets. On imagine que c'est plus payant.

Mais s'il y a une catégorie d'appareils qui a échappé à cette règle dans les dernières années, c'est bien celle des appareils photo reflex. À l'été 2008, Nikon avait démarré une révolution en lançant le premier boîtier photo reflex capable de filmer des séquences vidéo en haute définition (720 p). Près de deux ans plus tard, les reflex vidéo sont la norme, et ce marché naissant a évolué de façon fulgurante.

Le dernier reflex vidéo arrivé sur les tablettes est le Canon Rebel T2i, appareil grand public de 18 mégapixels qui se vend moins de 1000$ (sans objectif). Et, d'après ce que Technaute a pu constater, si on fait fi de sa construction fragile, il n'a pas grand-chose à envier même au plus performant des boîtiers signé Canon ou Nikon.

Capable de filmer des séquences vidéo en «pleine» haute définition (1080 p) à 30 ou à 24 images par seconde, le petit Rebel produit des images d'une beauté époustouflante en mode vidéo, même lorsqu'on grimpe sa sensibilité à la lumière au maximum (6400 ISO). En le couplant à un objectif haut de gamme, la qualité des séquences ressemble à ce que fournit une caméra de cinéma: les sujets sont parfaitement définis et l'arrière-plan, légèrement flou.

Le Rebel T2i a aussi été équipé d'une prise micro externe - atout rare pour les appareils d'entrée de gamme, et pourtant si fondamental pour produire des vidéos de calibre professionnel.

Pour les faiblesses, la méthode de mise au point du T2i en mode vidéo laisse énormément à désirer. Mais la plupart des utilisateurs amateurs et semi-professionnels pourront aisément considérer l'appareil comme une alternative valable à n'importe quel caméscope HD. Le choix est d'autant plus intéressant pour les propriétaires de reflex qui ont en leur possession une belle collection d'objectifs. Car c'est là qu'est la force des boîtiers reflex en mode vidéo: ce sont les objectifs qui donnent, en grande partie, une signature vidéo spectaculaire.

Course contre la montre

Le T2i est une machine impressionnante pour son prix. Voilà un constat incroyable pour un appareil basé sur une technologie à peine sortie des laboratoires de Canon. Enfin, le simple amateur a accès au meilleur d'une technologie naissante.

Et le plus beau dans tout ça, c'est que la course ne fait que commencer. Georges Aubin, représentant chez Lozeau, croit que d'ici deux ans, tous les boîtiers reflex pourront faire de la vidéo. «On parlera alors de boîtiers multimédia, et non plus de boîtiers photo», dit-il.

D'ici là, les grands joueurs continueront de peaufiner leur technologie. Par exemple, Canon s'apprête à lancer un petit logiciel assurant à ses reflex vidéo une plus grande compatibilité avec Final Cut Pro, logiciel de montage professionnel extrêmement répandu dans l'industrie de la vidéo.

Simultanément, des entreprises comme ShapeWLB, de Saint-Hubert, créent des supports à caméra conçus expressément pour utiliser les boîtiers photo reflex comme une caméra à l'épaule. Ces supports, inexistants il y a un an, aident grandement à stabiliser la prise de vue et facilitent les effets de zoom. «Depuis octobre, la demande pour ces supports a explosé. Il y a un an, ça n'existait pas; maintenant, c'est 50% de mon chiffre d'affaires, indique Mylène Girard, copropriétaire de l'entreprise. Beaucoup de nos clients cameramen sont persuadés que le boîtier photo reflex, c'est l'avenir de la vidéo. En tournage, ils continuent de traîner leur caméra vidéo traditionnelle, mais uniquement comme supplément.»