Le scénario est digne d'une émission policière et on pourrait dire que c'est une entreprise de Gatineau qui tient l'un des rôles.

DBx Geomatics, une PME du secteur Hull, aide la Police de New York à documenter la criminalité sur son territoire, du meurtre, au cambriolage, aux vols d'autos.

«On travaille avec la Police de New York. On analyse la criminalité, on fait des tableaux de tous les types de crimes avec des cartes», explique Dany Bouchard, président et fondateur de DBx Geomatics, lors d'un entretien à son bureau du boulevard Saint-Joseph.

Grâce au logiciel CartoVista, conçu par DBx Geomatics, la Police de l'État du Vermont fait aussi de même par l'entremise de son site Internet «Vermont Crime On-Line».

«On a plein de clients, pas juste au Canada, mais aussi ailleurs. On est pleine croissance avec plein de projets en même temps. On a le vent dans les voiles», affirme l'homme de 38 ans, père de trois enfants.

Originaire du lac Saint-Jean et diplômé en géographie de l'Université de Sherbrooke, avec spécialisation en système d'information géographique, Dany Bouchard est débarqué à Gatineau en 1992 pour un stage à Travaux publics Canada.

Féru de géographie et d'informatique (la géomatique), il a jumelé ses deux passions pour se lancer en affaires par la suite, en 1993. «Avec l'avènement d'Internet, on a commencé à unir la force du Web avec les données géographiques.»

Au début, DBx Geomatics était une firme de consultation, avec M.Bouchard qui travaillait à partir de chez lui, à Gatineau. Les affaires ont surtout décollé en 1996 lorsque DBx Geomatics a obtenu des premiers clients au fédéral, en commençant par le Conseil du Trésor du Canada. La PME gatinoise a monté un répertoire de biens immobiliers fédéraux. D'autres ministères fédéraux ont suivi par la suite.

Avec le temps, DBx Geomatics s'est tourné vers la conception d'un logiciel. Après des mois de recherches, de développement et d'investissements, CartoVista est né en 2006.

Les effectifs de DBx Geomatics sont passés de quatre employés à une dizaine aujourd'hui.

À l'image de bien des PME du high tech, l'ambiance y est informelle et joviale, avec table de ping-pong dans une des salles. «On essaie d'être à la fine pointe et aussi d'avoir du plaisir au travail. Il faut s'amuser», dit Dany Bouchard qui, en bon 'Bleuet' utilise l'expression 'c'est plaisant'.

M.Bouchard montre au Droit à quoi peut servir le logiciel CartoVista. À l'ordinateur, en quelques clics de souris sur une carte virtuelle, il accède à des tonnes de données. Tout est visuel et très clair. Des colonnes ou des «tartes» de statistiques colorées apparaissent à l'écran avec diverses données, selon le territoire.

Le levier Google

Pour plusieurs internautes, les cartes virtuelles évoquent surtout le nom de Google, le géant de la recherche sur Internet. Dany Bouchard perçoit Google comme un «levier» qui permet à la population de mieux connaître la cartographie sur Internet.

«La prochaine étape, c'est de permettre aux entreprises d'aller plus loin. C'est là que nous jouons un rôle. Nous donnons des outils qui sont personnalisés»

En mai dernier, DBx Geomatics a lancé la deuxième génération de son logiciel, CartoVista 2.0. Le logiciel a l'avantage de s'adapter à plusieurs domaines, que ce soit les corps policiers, les gouvernements ou les grandes entreprises, qui l'utilisent pour entre autre analyser les ventes par territoire.

Rentabilité et croissance

La PME a aussi récemment décroché un premier contrat avec l'Institut de la statistique du Québec. L'ISQ utilise CartoVista pour des cartes et des graphiques interactifs sur le Web.

L'entreprise connaît une croissance constante et a toujours été rentable, même sans avoir eu recours à du capital de risque. Elle déborde des frontières, mais qu'en est-il de la Ville de Gatineau?

Dany Bouchard affirme que le service d'urbanisme de Gatineau utilise CartoVista pour publier des statistiques. La prochaine étape pourrait être le service de police, dit-il. «Il y a définitivement de l'intérêt.»

En plus de cibler les grandes entreprises, DBx Geomatics a déjà vendu son logiciel en Espagne. La PME veut d'ailleurs se concentrer davantage sur l'Europe avec l'aide de Cécile Peignelin, une Française originaire des Alpes qui vit au Canada et qui est gestionnaire du service à la clientèle chez DBx Geomatics.

«Notre logiciel est déjà disponible en français, en anglais et en espagnol et en allemand, souligne Dany Bouchard, qui demeure confiant face à l'avenir. On sent qu'il y a un momentum. On essaie de profiter de cela. On essaie de travailler davantage sur notre stratégie de commercialisation.»

Il estime que DBx Geomatics pourrait passer de 10 employés, à 15 ou 20 employés d'ici deux ans.

Il faudrait alors faire un peu plus de place dans les bureaux du boulevard Saint-Joseph. «On pourrait plier la table de ping-pong», suggère en riant Cécile Peignelin.