Après YouTube et Facebook, c'est au tour de Twitter d'être la nouvelle coqueluche de l'internet. La popularité de ce service de microblogue issu de la Silicon Valley, et où chaque billet se limite à 140 caractères, croît à une vitesse étonnante au Canada, aux États-Unis et ailleurs. Une popularité qui déborde jusque dans les heures de bureau.

Le mois dernier, Twitter est devenu le troisième réseau social en importance après Facebook et MySpace. Il relègue loin derrière des services similaires tels Jaiku, de Google, et Identi.ca, d'origine montréalaise. Pourtant, au premier coup d'oeil, Twitter n'est rien qu'un fouillis d'information pêle-mêle et de recommandations de pages Web en tout genre. De nombreux observateurs remettent aussi en question sa viabilité: lancé en 2006, Twitter peine toujours à se rentabiliser.

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Un doute raisonnable, selon Benoît Descary, président de DCE Solutions et formateur sur les nouvelles technologies. «Il n'y a pas encore beaucoup d'entreprises qui en perçoivent l'utilité. Un des problèmes de Twitter est qu'il ne laisse pas entrevoir facilement qu'on peut trier et filtrer son contenu.»

Méconnu des entreprises

Cette caractéristique - jumelée à ses six millions d'abonnés - donne cependant une certaine valeur à Twitter: elle permet de recueillir plusieurs sources d'information sur un thème précis. C'est pourquoi certaines entreprises commencent à s'en servir afin de sonder l'opinion des internautes. Sous cet angle, «Twitter est un bon outil de «fouletraitance» (crowdsourcing)», indique Radu Zmeureanu, planificateur stratégique pour l'agence de marketing Web Revolver3. «Je peux poser une question et je sais que je vais recevoir un paquet de réponses.» Benoît Descary opine. «Au Québec, ce sont surtout les technos qui utilisent Twitter, mais d'ici six mois à un an, je pense que d'autres vont s'en servir comme outil de veille pour connaître l'opinion publique. En entreprise, ça pourrait devenir aussi gros que le courriel.»

Chez Telus, l'effet semble positif. Le géant des télécoms autorise l'adoption des médias sociaux par ses 34 000 employés. Le quart est déjà présent sur Facebook. Ou sur Twitter. «Jusqu'à présent, on a trouvé que c'était bénéfique», assure Stacey Masson, porte-parole de l'entreprise. «Sur Twitter, nos employés sont en relation avec leurs amis et leur famille, et aussi avec leurs clients.»

Ce mélange d'information privée et publique est un autre trait distinctif. «Twitter va peut-être se faire acheter ou disparaître, mais une chose est sûre: le modèle va rester», pense Radu Zmeureanu. «La personne la plus lue? Il n'y en a pas vraiment. C'est la pertinence des billets qui compte.» C'est pour ça que Twitter possède aujourd'hui un si grand bassin d'abonnés, estime ce twitteur impénitent.

Twitter 101

Tout le monde peut accéder à Twitter. Il faut cependant créer un compte pour publier soi-même, qu'on soit un simple internaute ou même une entreprise. On peut suivre les billets d'autres utilisateurs (appelés tweets, «gazouillis») à même le site, ou à partir d'un logiciel pour ordinateur ou pour téléphone mobile compatible.

Une façon de filtrer l'information est de se créer une liste de contacts, ou alors, de recourir à des mots-clés, des termes que les utilisateurs plus dégourdis vont insérer dans leurs messages en les faisant précéder d'un dièse (#). Pour suivre une discussion sur un sujet donné, on peut effectuer une recherche sur un moteur dédié à Twitter, de la même manière qu'on le ferait sur Google pour chercher un site Web spécifique.

Comme à peu près tout sur l'internet, Twitter peut facilement devenir une source de distraction au bureau. Il suffit de voir les sujets de discussion les plus populaires (la semaine dernière: les échanges dans la LNH et le lancement du film Watchmen, entre autres) pour s'apercevoir qu'ils sont loin des activités courantes de la plupart des employés de bureau... M. Descary minimise cependant ce risque: «C'est certain qu'il peut y avoir une perte de temps, mais ce n'est pas différent d'une recherche sur Google qui renvoie 850 000 résultats...»