Les amateurs de photographie instantanée ont appris la nouvelle avec désarroi: la firme américaine Polaroid a annoncé la fermeture d'usines produisant ses célèbres films, qui restent très utilisés dans la photo de loisir mais aussi à des fins professionnelles.

Les amateurs de photographie instantanée ont appris la nouvelle avec désarroi: la firme américaine Polaroid a annoncé la fermeture d'usines produisant ses célèbres films, qui restent très utilisés dans la photo de loisir mais aussi à des fins professionnelles.

Lorsqu'il se rend dans la jungle péruvienne, Jerry Conlogue utilise ces films pour prendre des photographies à rayons-X de momies sans avoir à transporter d'encombrantes solutions chimiques pour le développement photographique. Désormais, comme beaucoup d'autres utilisateurs, il se demande où il pourra encore en trouver.

«Nous sommes incroyablement découragés», confie M. Conlogue, co-directeur de l'Institut de recherche bioanthropologie à l'université Quinnipiac, dans le Connecticut. «Je n'ai vraiment pas le sentiment qu'il va y avoir un produit de remplacement, ce qui pose un vrai problème.»

Polaroid, société basée au Massachusetts, a annoncé il y a deux semaines la fermeture prochaine d'usines aux États-Unis, au Mexique et aux Pays-Bas qui fabriquent des films pour les particuliers et les professionnels.

Les produits seront encore disponibles dans le commerce jusqu'en 2009, précise l'entreprise, qui a déjà arrêté la production d'appareils photographiques instantanés ces dernières années.

Polaroid cherche par ailleurs un partenaire pour acquérir les droits d'exploitation, dans l'espoir qu'une autre firme poursuivra la production et continuera à commercialiser les films.

En attendant, certains amateurs craignant la pénurie commencent déjà a constituer des stocks. Joe Howansky, technicien photo professionnel, qui a présenté des clichés Polaroid dans des galeries d'art à New York, avoue avoir acheté pour 800 dollars de films après avoir appris l'arrêt prochain de la production. «Je pensais que c'était inévitable», explique M. Howansky. «Mais je suis allé me ravitailler.»

Cet habitant du Queens, à New York, a maintenant de quoi réaliser 800 photos.

Même si les films Polaroid peuvent paraître anachroniques à l'heure de la photographie numérique, ils restent très utilisés à des fins professionnelles. En dermatologie, un film Polaroid avec un quadrillage permet par exemple de mesurer la résorption des cicatrices au fil du temps.

«Il n'existe pas de produit de substitution» pour cette application, souligne Michael Phelan, directeur commercial du magasin Calumet Photographic à Cambridge, qui travaille avec des clients de la photographie industrielle.

Les praticiens américains ont refusé de passer au numérique dans certaines spécialités médicales parce que le Polaroid est très pratique, précise-t-il.

«C'est plus simple que d'avoir à se préoccuper de fichiers et de téléchargement (...) n'importe qui peut prendre l'appareil, l'utiliser et obtenir une image en une minute.»

Au magasin EP Levine, à Boston, les ventes de films instantanés et classiques ont diminué depuis l'avènement du numérique. Mais il reste une demande pour les films Polaroid, surtout chez les professeurs de photographie qui ont besoin de films à grand format, souligne Jay Callum, directeur de la boutique.

«Nous continuerons à nous approvisionner jusqu'au bout car il y a des gens qui en veulent», ajoute-t-il. «Mais il est difficile d'imaginer le métier de la photo sans le Polaroid.»

Le principe du Polaroid, qui a lancé son premier appareil photo en 1948, est simple. Les films contiennent des substances chimiques permettant de développer les clichés à l'intérieur du boîtier, ce qui permet d'obtenir une photo en moins d'une minute.

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