Après avoir profité du virage du numérique pour se lancer dans la photo, les groupes de l'électronique grand public rivalisent désormais à armes égales avec les acteurs historiques, au point de leur disputer les sommets du classement.

Après avoir profité du virage du numérique pour se lancer dans la photo, les groupes de l'électronique grand public rivalisent désormais à armes égales avec les acteurs historiques, au point de leur disputer les sommets du classement.

Réunis jusqu'à dimanche au Salon de la photo à Paris, porte de Versailles, les premiers ne cachent pas leurs ambitions, tandis que les seconds parient sur leur savoir-faire et leur ancienneté pour préserver leurs positions. Les marques venues de l'informatique, plus modestes, restent elles à l'écart de cette lutte.

L'esprit est en tout cas à l'optimisme dans les travées, les consommateurs se laissant séduire par des appareils toujours plus innovants. Selon les estimations, les ventes d'appareils devraient progresser cette année de 15% dans le monde, et entre 8 et 9% en France.

Triomphant, Panasonic, qui a chipé la première place à Canon dans l'hexagone depuis le début de l'année, ne s'attendait pas à un tel succès de sa gamme Lumix: «les ventes se situent bien au-delà de nos prévisions», se félicite Laurent Abadie, PDG de la filiale française.

Au niveau mondial, Samsung se targue pour sa part d'avoir ravi la quatrième place à Nikon et compte bien «s'imposer sur ce marché, comme dans les écrans plats et la téléphonie mobile», assure Bernard de Lapeyrière, directeur marketing de Samsung Opto-Electronics France... et transfuge de Nikon.

Quant à Sony, premier acteur de l'électronique à s'aventurer dans l'univers photographique dès 1997, il se rapproche du leader Canon, sans vraiment l'inquiéter encore.

Les atouts des «électroniciens»? La maîtrise de l'ensemble des composants qui «nous aide à conserver une longueur d'avance», et surtout le poids de la marque, «tellement grand public qu'elle nous permet de ratisser large», avance Matthieu Lanier, responsable marketing de l'imagerie numérique chez Sony France.

Matthieu Cortesse, analyste chez Gfk, confirme: «la famille de l'électronique s'appuie sur sa notoriété et d'importants moyens de communication pour perturber la hiérarchie et bousculer les habitudes», avec des prix agressifs à la clé.

Et la compétition, jusque-là limitée aux modèles compacts, s'étend aux appareils reflex, destinés aux amateurs experts ou aux professionnels, et domaine de prédilection des fabricants issus de l'argentique: à eux deux, Canon et Nikon revendiquent 80% de parts de marché sur ce segment.

Certes, «il faut surveiller les nouveaux acteurs qui arrivent», reconnaît-on chez Canon, mais le Japonais mise sur sa «belle avance technologique et sa légitimité historique» pour garder son leadership.

Nikon, qui souffre plus de la concurrence que son rival, de même que Kodak, Olympus ou Pentax, rappelle son vieil âge -90 ans!-, un «gage de qualité», et la «fidélité de ses utilisateurs».

«Sur le reflex, nous avons tout à prouver et n'avons pas la prétention de séduire les nikonistes et les canonistes», répond M. Lanier, conscient du «conservatisme» d'un marché dont il faut décrypter les codes.

C'est pour mieux l'apprivoiser, rappelle-t-il, que Sony a racheté en 2006 l'activité photo de Konica Minolta. Tout comme Panasonic s'est allié à Leica et Samsung à Pentax.

Alors qui gagnera la bataille, que certains prédisent «féroce» quand le marché s'essouflera? Pour Arnaud Pezeron, directeur marketing de Casio France, une chose est sûre: elle se jouera «sur l'émotion, l'effet coup de coeur autour du design, de la taille, de l'ergonomie de l'appareil, plus que sur la technicité».