Plus grand vivier au monde de clients potentiels, la Chine suscite bien des convoitises chez les acteurs des télécoms et d'Internet et commence à faire ses preuves en high-tech, même si la majorité de sa population n'a pas encore accès au téléphone.

Plus grand vivier au monde de clients potentiels, la Chine suscite bien des convoitises chez les acteurs des télécoms et d'Internet et commence à faire ses preuves en high-tech, même si la majorité de sa population n'a pas encore accès au téléphone.

«Nous aurons en 2010 un milliard d'abonnés au mobile et 200 millions de personnes connectées à Internet», a déclaré le vice-ministre chinois de l'Industrie et de l'Information Yaoping Jiang au congrès des télécoms de Montpellier, qui s'achève jeudi avec la Chine comme pays invité.

Le secteur des high-tech «est devenu l'un des piliers de notre économie nationale», a-t-il affirmé, souhaitant augmenter sa part dans le PIB de 7,2% aujourd'hui à plus de 10% en 2010.

Actuellement, la Chine compte 443 millions d'abonnés au téléphone mobile, 369 millions au fixe et 119 millions d'internautes.

«En additionnant ces chiffres, la Chine est déjà le plus grand marché télécoms du monde, devant les Etats-Unis», estime Yan Wang, vice-président du portail Internet chinois Sina.

En outre, les Chinois passent 17,9 heures par semaine devant Internet, un record mondial, les Japonais n'y passant que 13,9 heures et les Français 9,1.

L'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate), organisateur du congrès, s'était déplacé en Chine en juin pour observer leurs pratiques en high-tech: «nous avons été très impressionnés, la Chine est maintenant un acteur sur qui il faut compter», dit Francis Lorentz, président de l'Idate.

Longtemps fermés sur leur marché intérieur, les équipementiers chinois ont conquis l'international et se font remarquer: les leaders ZTE et Huawei sont présents dans près d'une centaine de pays, Huawei fournissant plus de 400 opérateurs.

«Nous avons plus de 10.000 ingénieurs en recherche et développement et nous travaillons avec les grands opérateurs européens comme Telefonica ou France Télécom», déclare Cheng Lin, président de ZTE pour l'Europe de l'Ouest.

Cette image high-tech de la Chine cache une réalité plus contrastée: seuls 28% des Chinois ont le téléphone fixe et 33,9% un mobile.

«Nous sommes un pays en voie de développement et nous avons encore un long chemin à parcourir avant d'arriver au service universel», a reconnu M. Jiang.

Les quatre premiers opérateurs chinois (China Mobile, China Telecom, China Unicom et China Netcom) ont lancé en 2004 avec le gouvernement le «Village Access Project» pour connecter au fixe les provinces les plus reculées.

Cet énorme potentiel de croissance suscite des convoitises chez les géants des télécoms et d'Internet: Vodafone a investi dans China Mobile et Telefonica dans China Netcom.

«Nous avons pris conscience que la Chine est un acteur important des télécoms», déclare Marc Fossier, directeur recherche et technologie de France Télécom, qui a signé un partenariat avec China Telecom.

Même engouement chez les équipementiers, Nokia et Motorola investissant massivement pour conserver, à l'avenir, les deux premières places qu'ils ont acquises sur le marché chinois.

Quant aux géants de l'Internet et de l'informatique comme Google, Microsoft et Cisco, ils ont encore défendu récemment leur collaboration avec la Chine même si cette dernière censure la Toile et traque ses cyberdissidents, estimant qu'ils ne pouvaient «bouder» un tel marché, surtout à l'approche des Jeux olympiques de Pékin de 2008.