Au premier regard, la décoration laisse perplexe: une série de pages Web encadrées, alignées sur le mur. Une analyse plus attentive dissipe le mystère, tandis qu'apparaissent les portails «Trouvez un emploi» de Hyatt, Nintendo, Hewlett-Packard, Toyota... tous des clients de Taleo.

Au premier regard, la décoration laisse perplexe: une série de pages Web encadrées, alignées sur le mur. Une analyse plus attentive dissipe le mystère, tandis qu'apparaissent les portails «Trouvez un emploi» de Hyatt, Nintendo, Hewlett-Packard, Toyota... tous des clients de Taleo.

«Nos logiciels desservent 28 des Fortune 100 et ont traité 24 millions de candidatures l'an dernier. Nous sommes de loin les premiers en Amérique du Nord», énumère Louis Têtu, cofondateur de Taleo et président du conseil d'administration.

La quarantaine en forme, l'homme d'affaires déambule le long des couloirs bleu et jaune vif qui surplombent la rue de Saint-Vallier Est, au centre-ville de Québec.

«Nous sommes installés ici depuis la création de Taleo, en 1999, précise-t-il. Dédié aux entreprises des technologies de l'information, l'édifice a perdu au fil du temps quelques-uns de ses locataires. Nous nous sommes agrandis à mesure que les autres partaient. Nous occupons maintenant trois des quatre étages.»

M. Têtu sait qu'il a réussi son pari. Avec l'émergence d'un marché de l'emploi dans Internet, il a prédit que les babillards virtuels comme Monster.ca ou Workopolis seraient graduellement remplacés par les ongletsCarrières des sites web des entreprises.

Son associé, Martin Ouellet, avait déjà mis au point un babillard intitulé Viasite.com. Il l'a vendu à Quebecor, qui en a fait Jobboom. Lui aussi est reparti à zéro avec Recruitsoft, agglomérat des mots Recruitment Software «logiciel d'embauche».

Un an plus tard, le siège social déménageait à San Francisco, pour se rapprocher d'une clientèle surtout américaine. Taleo était lancé.

Depuis, les logiciels se sont diversifiés pour toucher à toutes les étapes de la dotation de personnel, c'est-à-dire l'attribution des postes au sein d'une entreprise.

Un processus que M. Têtu compare à un entonnoir: sa hauteur représente les coûts et le temps investis; la grandeur de l'embouchure correspond au nombre de candidatures prises en compte.

«Les logiciels de Taleo élargissent l'entonnoir et diminuent sa hauteur, permettant d'évaluer un plus grand bassin de talents avec moins d'efforts», explique-t-il, schéma à l'appui.

Comment? En remplaçant les piles de CV par un recrutement semi-automatisé tenant compte de critères comme la compétence, l'expérience, les certifications et les aspirations des employés. À la clé: des travailleurs plus qualifiés, plus heureux... et qui restent plus longtemps.

Un atout précieux au moment où 60 % des employeurs au pays disent avoir de la difficulté à pourvoir des postes. «Nous répondons à un besoin criant», affirme Louis Têtu.

Technologie de pointe

Bien que Taleo réalise 99 % de son chiffre d'affaires hors du Canada, 275 de ses 520 employés occupent les locaux de Québec, où se concentrent les services techniques et la recherche et développement.

Presque aucune feuille ne traîne sur les bureaux de ces jeunes cracks de l'informatique, qui ont appris à lire sur un écran d'ordinateur. L'intérieur a été conçu pour rappeler qu'ils sont maîtres de la maison. De hautes fenêtres ensoleillent leurs cloisons. Dans la cafétéria de style très branché américain trônent un piano, une table de billard et une grande girafe en bois.

«Nous attirons la crème des informaticiens de Québec et même du Québec. C'est très stimulant pour eux de travailler ici», souligne M. Têtu.

Et pas juste à cause des jolis bureaux. Taleo leur permet de manoeuvrer l'un des joujous informatiques les plus sophistiqués qui soient, en l'occurrence la technologie ASP, qui permet d'offrir un service de logiciels en ligne.

«Au lieu d'expédier simplement un produit, on vend une souscription et on opère à distance deux centres de données, situés à San José et New York», explique Louis Têtu. Les clients épargnent ainsi de lourds investissements en équipement informatique, tandis que Taleo s'assure d'une source de revenus stable.

La recette semble fonctionner puisque 95% des clients renouvellent leur abonnement. En 2005, Taleo a fait son entrée sur NASDAQ. Quant à son système informatique, il est constamment remis à jour et perfectionné.

«Quand nous avons engagé une trentaine d'informaticiens, au démarrage de l'entreprise, ils nous ont demandé: qu'est-ce qu'on fera quand on aura terminé le logiciel?», s'esclaffe M. Têtu.

À savoir:

Taleo Corporation

Chiffre d'affaires en 2005: 79 millions $US

Siège social: San Francisco

Nombre de clients: 420

Nombre d'employés à Québec: 275