Trois ans après être tombés en amour à Whistler, la Montréalaise Anna Goodman et l'Américain Marco Sullivan y reviennent pour vivre les Jeux olympiques.

Whistler est un endroit spécial pour Anna Goodman et Marco Sullivan. Les deux skieurs s'y sont rencontrés lors des championnats canadiens de 2007. Si tout se passe comme prévu, les deux amoureux y vivront ensemble les Jeux olympiques.

Le rendez-vous a failli ne pas avoir lieu pour la Montréalaise Goodman. Début janvier, la meilleure slalomeuse au pays s'est déchiré le ligament croisé antérieur droit lors de la Coupe du monde de Zagreb. Saison finie, a annoncé la jeune femme de 24 ans quelques jours plus tard.

Or, son genou était beaucoup moins endommagé que prévu. En fait, le médecin qui a fait l'examen n'avait jamais vu une rupture ligamentaire aussi «propre». Quelques semaines plus tard, à la surprise générale, Canada Alpin incluait Goodman dans l'équipe olympique.

«Elle était passablement atterrée quand elle s'est blessée. Elle pensait que c'était la fin de son rêve olympique», a souligné Sullivan, mercredi après-midi, en marge d'une conférence de presse de l'équipe américaine. «Juste le fait de savoir qu'elle pouvait compétitionner lui a tellement remonté le moral.»

Heureux pour sa copine, Sullivan s'est quand même demandé si on ne mettait pas sa santé en péril en raison de l'importance de la présentation des JO au Canada.

«Honnêtement, je n'étais pas content au début, a admis le Californien de 29 ans, spécialiste des épreuves de vitesse. J'avais l'impression qu'Alpin Canada la poussait dans une situation qui n'était pas sécuritaire.»

Mais Sullivan, lui-même victime de trois ruptures du ligament croisé dans sa carrière, s'est informé auprès de médecins américains, qui l'ont rassuré: «J'ai réalisé qu'il n'était pas inhabituel de skier sans ligament croisé antérieur. En autant qu'une orthèse est en place, il n'y pas beaucoup de risques de l'endommager davantage.»

Le Norvégien Hans Christian Strand Nilsen avait gagné le bronze du combiné des Jeux de Lillehammer, en 1994, avec le ligament déchiré, a rappelé Sullivan.

Après trois semaines de physiothérapie intensive, Goodman est retournée sur ses skis la semaine dernière en Alberta. Sur son blogue personnel (www.annagoody.ca), elle a d'ailleurs mis en ligne une vidéo de l'une de ses premières descentes. Son sourire à la toute fin dit tout.

«La première fois, elle était surprise à quel point elle s'est bien sentie avec l'orthèse, a raconté Sullivan. Elle espère simplement augmenter l'intensité jusqu'à ce qu'elle atteigne sa vitesse de course.»

Goodman, qui se fera opérer à la fin de la saison, a rejoint l'équipe technique féminine à Nakiska, où elle a passé avec succès son premier test entre les piquets. «Ça fait du bien de se remettre le nez dans le vent, a-t-elle écrit sur sa messagerie Twitter en fin de journée. Je suis tellement heureuse d'être de retour! Le genou se porte BIEN jusqu'à maintenant.»

Celle qui s'est classée 12e aux derniers Mondiaux de Val d'Isère a du temps devant elle. Le slalom féminin n'est prévu que vendredi le 26 février. Si elle prend le départ, il y en a un qui sera fébrile. «Quand je la regarde, je suis probablement plus nerveux que quand c'est moi qui cours! s'est esclaffé Sullivan. Je suis un peu inquiet pour elle, mais je veux qu'elle réalise son rêve olympique et qu'elle en tire le maximum. J'espère qu'elle pourra se sortir la blessure de la tête et réaliser qu'elle est l'une des skieuses les plus rapides au monde.»