Le Tour de France commence samedi en Vendée avec pour favori, contesté, l'Espagnol Alberto Contador, son dernier vainqueur... en théorie.

À la présentation des 22 équipes, Contador a essuyé les sifflets d'une partie du public. Il a payé la lenteur (invraisemblable) de la procédure qui le concerne, la gestion (catastrophique, à en juger par le résultat) de son cas, le contrôle positif de juillet 2010 pour lequel il a été acquitté en première instance. Car la décision finale, celle du Tribunal arbitral du sport (TAS), reste à venir. Après le Tour 2011.

Un vainqueur du Tour sifflé, l'affaire est rarissime. Elle témoigne peut-être d'un changement de mentalités si l'on se réfère au soutien reçu par les coureurs de Festina sur le bord des routes du Tour 1998. Elle marque aussi la confusion provoquée par les épisodes à rallonge du feuilleton Contador.

L'Union cycliste internationale (UCI), qui a appelé à la sérénité, l'a répété dernièrement, l'Espagnol a le droit de courir. Et, évidemment, de gagner. En attendant la décision du TAS qui peut très bien lui être favorable dans quelques semaines.

Son dauphin depuis 2009, le Luxembourgeois Andy Schleck, affirme préférer battre le Madrilène sur le terrain plutôt que sur le tapis vert. Dans les cols plutôt qu'à l'applaudimètre, même s'il apprécie le soutien du public qui se souvient aussi de sa courte défaite de l'an passé, pour 39 secondes, l'écart dû à un incident mécanique dans les Pyrénées.

LE MATCH POUR LE JAUNE - L'année passée, Contador et le cadet des Schleck s'étaient isolés, dès le premier massif montagneux, loin au-dessus de leurs adversaires. Le scénario se répètera-t-il en 2011? Le dessin du parcours l'autorise, pour peu que tous deux s'affirment les meilleurs grimpeurs du peloton des 198 coureurs.

Les Pyrénées présentent deux arrivées au sommet, autant que les Alpes. Luz-Ardiden, le 14 juillet, et le Plateau de Beille, deux jours plus tard, sont de parfaits révélateurs des forces et faiblesses de chacun. Avant la décision dans les deux grandes étapes alpestres, qui empruntent les deux versants du Galibier dont le Tour fête cette année le centième anniversaire de la première ascension. Ou, qui sait, dans le contre-la-montre de Grenoble, le 23 juillet, à la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées.

«On n'est pas là pour battre Alberto mais pour gagner le Tour», a souligné vendredi Frank Schleck, le frère aîné d'Andy, dont la présence (il a abandonné sur blessure dès les premiers jours en 2010) ajoute à la confiance du clan luxembourgeois.

Contador, irrésistible dans les cols du Giro, affirme pour sa part nourrir un doute sur son degré de récupération. Le défi, gagner le Tour après le Giro, n'a plus été réussi depuis Pantani en 1998.

Dans l'histoire, sept coureurs seulement l'ont relevé. C'est dire la difficulté qui attend le triple vainqueur du Tour, surtout si un climat hostile à son égard devait «pourrir» les trois semaines de course.

LE TROP-PLEIN POUR LE PODIUM - Objectif podium, ont annoncé ces derniers temps les candidats aux places d'honneur. L'Australien Cadel Evans et l'Italien Ivan Basso l'ont déjà atteint par le passé, l'Espagnol Samuel Sanchez l'a approché l'an dernier. Tous trois, surtout Evans qui a été éliminé sur chute en 2010, se sont préparés en conséquence. Tout comme quelques autres prétendants (Van den Broeck, Klöden, Wiggins, Horner).

Evans, à la valeur éprouvée (34 ans), présente les meilleures références. Avec le grimpeur néerlandais Robert Gesink (6e en 2010), à l'entourage performant. Pourront-ils viser plus haut? L'histoire reste à écrire, au long des 3430 kilomètres et des vingt-et-une étapes, dans un Tour qui tourne à l'excès autour de Contador.

En Vendée, l'Espagnol a même fait oublier par sa présence que cette 98e édition est la première depuis l'arrêt définitif de carrière de Lance Armstrong, le détenteur du record des (7) victoires. Et la dernière sans doute pour le Kazakh Alexandre Vinokourov, qui voudrait tant porter le maillot jaune avant de raccrocher le vélo.

Le maillot jaune, Graal du cyclisme, le Belge Philippe Gilbert en rêve lui aussi. Le meilleur coureur actuel de classiques dispose d'une première chance, dès la première étape qui remplace l'habituel prologue, à l'arrivée au Mont des Alouettes. Mais, les sprinteurs, nombreux sur le Tour, y pensent tout autant.

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