Andy Murray a expulsé le maître des lieux, Roger Federer, du Masters de Shanghai en le battant vendredi en trois sets somptueux 4-6, 7-6 (7/3), 7-5.

Pour la première fois depuis ses débuts dans l'épreuve en 2002, le Suisse, quatre fois vainqueur, ne participera pas aux demi-finales, qui opposeront Murray au Russe Nikolay Davydenko et le Serbe Novak Djokovic au Français Gilles Simon, le grand gagnant de la journée.

Simon, dont le salut pouvait venir uniquement d'un échec de Federer, peut dire un grand merci à Murray car l'Ecossais a fait preuve d'une belle noblesse de caractère en donnant tout dans un match qu'il n'était pas formellement obligé de gagner, ayant déjà assuré sa place dans le dernier carré l'avant-veille.

«Je n'allais pas me laisser battre ! Psychologiquement, une victoire comme celle-là aura beaucoup d'importance dans nos prochains matches», a dit Murray.

Les deux hommes se sont livrés un des plus beaux duels de l'année, marqué pendant plus de trois heures par d'innombrables rebondissements.

Federer a mené 1 set à 0. Il a paru sur le point de conclure en deux manches après être revenu de 2-5 pour passer devant 6-5 dans le deuxième. Dans le troisième encore, il a mené 4-3 avec son service à suivre. Puis il a sauvé pas moins de sept balles de match sur son service à 4-5, avant de plier définitivement deux jeux plus tard sur la huitième.

L'ex-N.1 mondial a essayé de forcer le destin en adoptant une attitude résolument offensive pour briser la résistance de Murray, réputé pour être l'un des meilleurs défenseurs du circuit.

Simon, le 2e Français

Le Suisse, qui s'est plusieurs fois fait masser un dos douloureux, a réussi une bonne partie des innombrables points qui ont fait se lever le public shanghaïen, entièrement acquis à sa cause, même si Murray a été très loin de se contenter de rester sur la défensive.

Mais il a aussi commis trop d'erreurs dans les moments importants, preuve que sa confiance s'est bel et bien effritée durant cette année 2008 où il aura subi pas moins de 15 défaites.

Une part de ses espoirs de reprendre rapidement la première place à Rafael Nadal se sont aussi envolés avec cette troisième défaite face à Murray cette saison, la deuxième depuis l'unique victoire du Suisse, en finale de l'US Open.

Mais le champion a préféré retenir les aspects positifs d'une saison qui, pour n'importe quelle autre joueur, paraîtrait superbe avec trois finales de Grand Chelem, dont une gagnée.

«Le début a été difficile, donc j'ai des sentiments mitigés. Ca a été une bonne saison, avec des victoires qui m'ont procuré beaucoup d'émotion, comme celle à Bâle, dans ma ville natale, ou la médaille d'or olympique gagnée en double pour la Suisse», a-t-il dit.

Pour Simon, l'aventure continue. Lui qui ne serait pas venu à Shanghai, en tant que neuvième mondial, sans le forfait sur blessure de Rafael Nadal se retrouve en demi-finale contre toute attente.

Même s'il n'en a pas posé lui-même la dernière pierre, cette qualification n'est pas volée car le Francilien, âgé de 23 ans, avait dominé lui aussi Federer lors de son premier match du tournoi.

Vendredi, il a encore prouvé son professionnalisme en s'appliquant à battre sèchement le Tchèque Radek Stepanek 6-1, 6-4 dans un match qui n'avait pas d'incidence directe sur la course aux demi-finales.

La fin de la journée a été plus difficile à vivre pour le Français, passé par toutes les émotions lors du match Federer/Murray, qu'il n'a pas suivi en entier au stade. «À la fin du deuxième set, comme il commençait à se faire tard, j'ai préféré quitter le stade. Ca n'aurait pas été la meilleure préparation de rester jusqu'au bout», a-t-il expliqué.

C'est seulement la deuxième fois qu'un Français accède aux demi-finales du Masters après Sébastien Grosjean, qui avait échoué à un match du titre en 2001.