Pour se payer l’enfant prodige du tennis, sur terre battue qui plus est, il faut être parfait. C’est en s’efforçant de faire ce match sans faute que Denis Shapovalov s’est sabordé.

Abonné aux doubles fautes et incapable de profiter de son service, le Canadien n’a pas fait long feu contre Carlos Alcaraz, pliant l’échine 6-1, 6-4 et 6-2, vendredi. Le parcours de Shapovalov, et donc du dernier Canadien – au volet masculin –, à la porte d’Auteuil est stoppé au troisième tour.

Avant même de faire son entrée sur le terrain, Alcaraz était largement pressenti pour remporter le premier duel entre les deux hommes. Cinq jeux plus tard, tous remportés par l’Espagnol, le résultat ne faisait plus de doute.

Or, l’Ontarien pouvait profiter de cette rencontre contre la première raquette mondiale pour tenter de donner un certain souffle à son année, surtout à l’approche de la saison sur gazon.

En deuxième manche, c’est ce qu’il a fait. Le gaucher, qui a pu compter sur l’appui de la foule, a obtenu plus de réussites. Plus de succès, certes, mais encore plus de déchets et de regrets. Il a laissé filer une occasion parfaite de déstabiliser son rival.

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Denis Shapovalov

Shapovalov a été capable de prendre les devants 4-1 à un certain point dans cette manche. Toutefois, ses 10 doubles fautes lors du duel, dont cinq lors de la deuxième manche, lui ont coûté cher.

C’est sans parler de son service, en panne sèche. En quête de perfection, seulement 56 % de ses premiers services ont été en jeu. En outre, un taux famélique de 51 % de points gagnés avec son premier service et 37 % lors de son deuxième illustrent bien les difficultés qu’a connues Shapovalov. Surtout lorsque les échanges s’étiraient.

En face, l’Espagnol a montré toute sa supériorité avec des amortis spectaculaires avant de revenir de l’arrière pour gagner. Il a offert du jeu propre et précis.

Shapovalov, sans réponse, n’a pas été le maître des échanges comme il le souhaite et a semblé vidé par le style d’Alcaraz. La troisième et ultime manche a donc été à l’instar de la première : l’émule de Rafael Nadal a été dans une classe à part.

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Carlos Alcaraz

Séparer le bon grain de l’ivraie

C’est un revers pour Shapovalov, oui. Son dossier cette saison est maintenant de 9-10 ; une fiche sous la barre de ,500 au tennis est loin d’être idéale. C’est également loin des attentes que le Canadien a envers lui-même.

Néanmoins, il y a du positif à retirer pour Shapovalov de son séjour dans la capitale française. Pour la première fois de sa carrière, il a passé le deuxième tour. Toutefois, c’est son attitude qui a été remarquable.

Trop souvent, Shapovalov a été explosif quand les choses ne tournaient pas rond pour lui. Vendredi, il est demeuré calme et n’a pas enguirlandé qui que ce soit.

C’est peut-être un effet secondaire et éphémère de sa nouvelle association avec l’entraîneur Matt Daly – ils font équipe depuis une semaine –, mais c’est assurément encourageant.

Sa puissance a été visible contre Alcaraz et contre les autres adversaires qu’il a affrontés à Roland-Garros. Avec un peu plus de réussite dans certains jeux et en gardant une bonne mentalité, Shapovalov pourrait finalement franchir la prochaine étape de sa carrière. Un endroit où il est bloqué depuis un moment déjà.

Le domicile d’Alcaraz

Sur le court central, Alcaraz est arrivé avec une tenue blanche et rayée verte qui rappelait les maillots nigérians à la Coupe du monde de soccer. Il a fait honneur à Jay-Jay Okocha en offrant un spectacle de grande qualité.

Le joueur de 20 ans a porté sa fiche à 33-3 cette saison. Le vainqueur des Internationaux des États-Unis en 2022 a semblé aux commandes tout au long du duel et s’est permis des coups remarquables au filet, laissant la plupart du temps Shapovalov à court de solutions.

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Carlos Alcaraz

La terre battue, la surface de prédilection d’Alcaraz, a permis à ce dernier d’être encore meilleur contre un adversaire qui a généralement des ennuis sur cette surface. Bien que Shapovalov soit dans une saison en dents de scie, Alcaraz a simplement montré qu’il était supérieur. Ses ambitions pour remporter le deuxième tournoi du Grand Chelem de la saison sont plus animées que jamais.

En huitièmes de finale, Alcaraz croisera le fer avec Lorenzo Musetti, la 18raquette mondiale. L’Italien de 21 ans s’est imposé contre Cameron Norrie en trois manches plus tôt dans la journée.