À pareille date l’année dernière, Gabriel Diallo était un étudiant en finances à l’Université du Kentucky porté par le rêve de gagner sa vie grâce au tennis. Seulement trois ans et demi après son arrivée dans la NCAA, il a pris la décision d’entamer sa carrière professionnelle. Était-ce dans ses plans de terminer son parcours universitaire plus tôt que prévu pour faire le grand saut ?

« Pas du tout ! Zéro, zéro, zéro, s’est-il exclamé au bout du téléphone, quelque part sur le campus de Lexington. Si tu m’avais appelé le 1er janvier 2022 pour me demander où je me voyais à la fin de l’année, je t’aurais dit que j’aimerais être top 600. »

C’est finalement en 229e position du classement mondial que l’athlète de 21 ans termine l’année. Son triomphe au Challenger de Granby et son parcours dans le tournoi de qualifications de l’Omnium Banque Nationale l’ont grandement aidé à se faire un nom.

Après sa victoire à Granby, son entraîneur Martin Laurendeau et son entraîneur au Kentucky, l’ancien joueur Cédric Kauffmann, ont discuté du sort du Québécois. Les deux se sont entendus sur le fait que leur poulain était prêt à passer chez les professionnels.

Sur le terrain, il est facile de remarquer Diallo. Non seulement parce qu’il mesure six pieds et sept pouces, mais aussi parce qu’il est agile, puissant, tenace et énergique. Son potentiel est exceptionnel et son large sourire charme les foules partout où il passe.

Néanmoins, la plus grande leçon qu’il aura retenue de son passage dans les rangs universitaires est de savoir prendre chaque chose en son temps. « Ça paraît cliché, mais c’est vrai et c’est dur à appliquer tout le temps. Il faut être obsédé par le processus », explique le jeune homme posé et éloquent, de sa voix grave.

Il assure que prendre cette décision a été compliqué, parce qu’il laisse derrière lui un programme et des coéquipiers en or. Il a cependant goûté au tennis professionnel au cours des derniers mois, surtout pendant le plus récent semestre, et il veut sauter dans le train pendant qu’il passe. D’autant plus qu’avec son classement, il pourra entrer dans le processus de qualifications en vue des Internationaux d’Australie, en janvier.

« Je vais aller en Australie pour la première fois de ma vie. Je vais aller jouer en Europe pour la première fois de ma vie », se réjouit-il. Il s’agit pour lui d’une occasion à ne pas rater.

Faire partie de l’histoire

Diallo a également vécu une expérience enrichissante, il y a quelques semaines, lorsqu’il a remporté la prestigieuse Coupe Davis avec l’équipe canadienne, une première dans l’histoire du pays.

PHOTO JON NAZCA, ARCHIVES REUTERS

Gabriel Diallo (à gauche) a remporté la Coupe Davis avec l’équipe canadienne à la fin novembre.

« C’est magnifique, ce qu’on a pu faire… En fait, ce qu’ont réalisé Félix [Auger-Aliassime], Denis [Shapovalov] et Vasek [Pospisil] », dit-il en se ravisant. Cependant, même s’il n’a pas foulé le terrain pour contribuer directement au succès de son équipe, Diallo, comme Alexis Galarneau, a été essentiel sur les lignes de côté. Leur soutien et la manière dont ils ont aidé l’équipe à se préparer ont été des éléments essentiels dans la réussite de l’équipe, a expliqué le capitaine Frank Dancevic après le triomphe.

Diallo et Galarneau étaient tellement impliqués et émotifs sur le banc de l’équipe qu’il avait été impossible de recueillir leurs commentaires après la finale, parce que les deux Québécois n’avaient plus de voix.

La suite n’a pas été plus simple, explique Diallo en rigolant : « Ça n’a pas été facile, parce qu’on a célébré et j’avais un vol tôt le matin. J’ai dû revenir rapidement à la réalité avec mes examens finaux. Je pense que j’aurais préféré rester un peu plus longtemps en Espagne, mais bon ! »

Là-bas, il a beaucoup appris. À force de côtoyer et de voir à l’œuvre les meilleurs joueurs au monde comme son ami Félix Auger-Aliassime, ainsi que les Américains Frances Tiafoe et Taylor Fritz, il a « pu apprendre de leur professionnalisme. Aussi, voir les gars jouer pour plus grand qu’eux-mêmes, c’est une expérience que tu ne peux pas acheter ».

Même s’il a touché à une partie de son rêve et qu’un merveilleux destin l’attend, Diallo tient quand même à faire ses études et à obtenir son diplôme. C’est non négociable. « J’ai quand même travaillé très fort pour être là où je suis rendu. » En théorie, il lui restait deux semestres avant de pouvoir lancer son mortier. Avec le nouveau chapitre de sa vie qui est sur le point de s’entamer, il suivra ses cours en ligne, à distance. Il compte terminer son baccalauréat d’ici deux ans et demi ou trois ans. « Ce serait décevant d’arrêter, considérant qu’il me reste juste quatre cours. Je serais content d’avoir mon diplôme, et mes parents le seraient aussi. »