Félix Auger-Aliassime est humain. Le Québécois a dû s’avouer vaincu pour la première fois en 17 matchs, samedi, face à Holger Rune, en demi-finale du Masters 1000 de Paris.

Tout le monde savait que ce jour allait venir. Celui où Auger-Aliassime allait baisser pavillon. Depuis le début du mois d’octobre, le Québécois ne savait plus perdre.

Il a fallu un Holger Rune au sommet de son art pour ébranler celui qui était fort de trois titres consécutifs. Avec cette défaite en deux manches de 6-4 et 6-2, « FAA » pourra profiter d’un dimanche de congé pour la première fois en quatre semaines. Un repos amplement mérité.

« Il a en quelque sorte exposé les faiblesses de mon jeu », a noté Auger-Aliassime après le duel.

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Holger Rune et Félix Auger-Aliassime à la fin de leur duel

Il jouait de façon si offensive, sans manquer. Je n’ai pas vu ou je n’ai pas joué contre beaucoup de joueurs qui étaient aussi offensifs et qui frappaient aussi fort, aussi profondément sur le terrain.

Félix Auger-Aliassime

Dès le début du match, le jeune homme de 22 ans semblait épuisé. L’éclat des dernières semaines avait disparu. Après tout, Auger-Aliassime avait joué pratiquement tous les jours depuis le début du mois d’octobre.

De l’autre côté du filet, son adversaire était en mission. D’une part pour prendre sa revanche après sa défaite contre Auger-Aliassime en finale à Bâle la semaine dernière, d’autre part pour atteindre sa première finale en tournoi de Masters 1000.

À bout de ressources

La dernière fois que Félix Auger-Aliassime s’était présenté en demi-finale d’un Masters 1000, c’était en 2019, à Miami. Il s’était incliné en deux manches serrées devant John Isner. À l’époque, le Québécois était un jeune prometteur.

Aujourd’hui, il est un joueur qui a répondu aux attentes et il avait l’occasion de rééditer un exploit vieux de 41 ans, soit remporter quatre tournois en quatre semaines, comme l’illustre Ivan Lendl, en 1981, qui en avait même gagné cinq de suite.

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Félix Auger-Aliassime

Auger-Aliassime devait d’abord se débarrasser de Holger Rune, 18raquette mondiale. L’athlète de 19 ans s’était fait traiter de « bébé » durant la semaine par le vétéran Stan Wawrinka, en raison de ses commentaires et de son attitude sur le terrain.

Le Québécois savait Rune fragile, mais il n’a pas su en profiter, car le Danois était en transe tout au long du match.

En même temps, la fougue et la perfection qui avaient caractérisé le jeu de Auger-Aliassime pendant les dernières semaines s’étaient estompées. Quelque chose semblait éteint chez lui.

Son service et son jeu au filet, son pain et son beurre cet automne, ont mené à sa perte samedi. Son taux anormalement bas d’à peine 60 % en première balle ainsi que ses erreurs à la volée l’ont fragilisé, notamment lors de deux jeux au bris de service, au troisième jeu de chacune des manches.

De manière générale, même si la volonté d’Auger-Aliassime ne fait pas de doute, l’exécution a été défaillante. Ses services manquaient de vigueur, il avait de la difficulté à frapper des balles longues et il peinait à atteindre les balles le long de la ligne de son adversaire.

Reste que sa séquence victorieuse restera à jamais dans les annales du tennis canadien, en plus de lui avoir procuré une assurance ahurissante, faisant de lui le meilleur joueur de tennis au monde cet automne.

Ça lui a aussi permis de rayer son troisième et dernier objectif de la saison sur sa liste des souhaits pour 2022. Après avoir gagné au moins un titre et intégré le top 10 mondial, Auger-Aliassime s’est aussi qualifié pour les finales de l’ATP, tournoi qui réunit les huit meilleurs joueurs de la saison, et qui aura lieu à Turin, en Italie, à la mi-novembre.

Rune passe en finale

Holger Rune n’a pas volé sa place en finale du tournoi. Il a mené la majorité des points et il a été en mesure de répondre à toutes les attaques de son rival. Il a été fumant et léger comme une plume sur le ciment vert de Paris. « Ça a été un match exceptionnel pour moi aujourd’hui », a-t-il déclaré après la rencontre.

Il n’a offert aucune balle de bris à son adversaire, ce qui est un exploit étant donnée la manière dont FAA l’avait malmené à Bâle la semaine dernière.

Je me suis concentré sur mon plan de match. Je voulais mettre le maximum de pression sur Félix, et c’est tout ce qui comptait. Je l’ai fait presque parfaitement et je suis très fier de moi.

Holger Rune

En effet, les deux hommes s’étaient affrontés en finale, en Suisse, et Rune en a tiré des leçons. L’élève de Patrick Mouratoglou fait maintenant partie de la cour des grands, et cet élan, il le cultive depuis quelque temps.

Auger-Aliassime était l’homme de l’heure sur le circuit de l’ATP, mais le Danois est aussi en plein cœur d’une séquence formidable. Avant d’atteindre les finales à Paris et Bâle, il avait aussi fait de même aux tournois de Stockholm et Sofia.

Il a donc le vent dans les voiles et il pourrait conclure cette séquence avec le titre le plus important de sa jeune carrière, dimanche. Rune affrontera en finale Novak Djokovic, qui a eu raison du Grec Stéfanos Tsitsipás 6-2, 3-6 et 7-6 (4).