La finale des Internationaux des États-Unis, comme la saison 2022, a été l’affaire d’Iga Świątek, qui s’est débarrassée aisément d’Ons Jabeur en deux manches de 6-2 et 7-6 (5).

La saison a commencé avec un immense point d’interrogation. Qui allait prendre la place de la dominante Ashleigh Barty au sommet de l’ordre mondial après la surprenante annonce de sa retraite au mois de mars ? La saison se termine finalement avec un point d’exclamation grâce à la septième victoire de l’année de la nouvelle reine incontestée du tennis féminin.

Świątek est arrivée à New York avec l’étiquette de favorite. Malgré une fiche de 50 victoires et seulement 7 défaites, la double championne de Roland-Garros a répété tout au long de la semaine qu’elle était étonnée de se retrouver dans une telle position.

Je ne m’attendais pas à grand-chose. […] Je ne sais pas trop comment j’ai fait.

Iga Świątek

La Polonaise avait donc un avantage certain. Plus tôt cette saison, elle avait marqué les esprits en remportant six tournois de suite et 37 matchs consécutifs de février à juin.

De son côté, Ons Jabeur venait à peine de se relever d’une dure défaite encaissée en finale du tournoi de Wimbledon quelques semaines auparavant. La cinquième raquette mondiale revendiquait deux titres depuis le début de la saison et elle s’est établie comme l’une des joueuses les plus polyvalentes sur le circuit.

Tout était donc en place pour un duel qui allait enflammer le plus gros stade de tennis au monde.

L’expérience a pris le dessus

Świątek peut peut-être se procurer de l’alcool aux États-Unis depuis trois mois à peine, mais elle a déjà l’expérience des grands rendez-vous. Elle a gagné son premier titre majeur à 19 ans, lorsqu’elle a remporté l’édition automnale de Roland-Garros en 2020, elle a joué la demi-finale des Internationaux d’Australie en janvier et a mis la main sur son deuxième titre à la porte d’Auteuil au début de l’été.

Tandis que Jabeur, de sept ans son aînée, a moins été sous les projecteurs. Le stade Arthur-Ashe et ses quelque 23 000 spectateurs en imposent, et ça a semblé intimider la Tunisienne en début de match. Ses jambes étaient lourdes, sa concentration faisait défaut, sa prise de décisions était chaotique et son rendement au service était abominable. Świątek, qui était au contraire offensive, explosive, précise et efficace, en a profité. Elle a pris l’avance 3-0 en huit petites minutes.

Comme le rythme est un facteur primordial, l’histoire semblait déjà bouclée après ces quelques échanges. Jabeur, éteinte, était méconnaissable. Elle arrivait en retard sur ses balles, elle avait de la difficulté à accélérer ses frappes et elle offrait des balles d’attaque sur un plateau d’argent à son adversaire, surtout au service. Elle n’a fait passer que 48 % de ses premières balles en première manche et elle n’a gagné que 20 % des points lorsque sa balle était en jeu. De l’autre côté du filet, Świątek a réussi 90 % de ses premiers services. Une différence notable qui a empêché la moindre remontée de Jabeur.

« J’ai vraiment essayé du mieux que j’ai pu, mais Iga ne m’a pas rendu la tâche facile. Elle méritait de gagner aujourd’hui. Je ne l’aime pas beaucoup en ce moment, mais je vais m’en remettre », a indiqué Jabeur avec son humour habituel après la rencontre.

Un regain, mais en vain

PHOTO MATT ROURKE, ASSOCIATED PRESS

La Tunisienne Ons Jabeur, samedi

Alors qu’on pensait que tout était plié en raison du désastre de la première manche, la Jabeur qui s’est hissée parmi l’élite mondiale est revenue, mais un peu trop tard. Elle tirait de l’arrière par deux jeux avant de créer l’égalité 4-4. Soudainement, c’est comme si la pression venait de changer de côté.

Świątek avait l’urgence d’en finir et Jabeur n’avait plus rien à perdre. Cette dichotomie a fait des flammèches et ce match est finalement devenu quelque chose qui ressemblait à une finale de tournoi du Grand Chelem. Le jeu suivant a été le meilleur et le plus serré du match. Il s’est conclu en huit minutes à l’avantage de la Polonaise, mais tout était encore possible. Świątek reprenait souvent son lancer de balles au service et Jabeur était devenue plus offensive.

Le match s’est étiré jusqu’au jeu décisif, mais Jabeur a cédé. « Je vais continuer de travailler fort et je vais l’avoir un jour, ce titre en Grand Chelem », a souligné la finaliste de Wimbledon et première Africaine à atteindre une finale de tournoi majeur.

Quant à elle, Świątek avait du feu dans les yeux et rien n’allait la séparer du précieux trophée. Son niveau s’est élevé lors du jeu décisif.

Comme lors de ses neuf dernières finales, elle a gagné le match en deux manches et met la main sur une somme de 2,6 millions de dollars. « Il y a tellement de distractions ici, je suis fière d’avoir tenu le coup mentalement », a-t-elle déclaré.

Świątek conserve sa couronne et continue de rappeler pourquoi le trône lui appartient.