Aussi cliché que cela puisse paraître, c’est en restant positive et en se gardant occupée que Bianca Andreescu a surmonté les blessures et malchances des deux dernières années.

Le 7 septembre 2019, Andreescu battait Serena Williams en finale des Internationaux des États-Unis pour remporter son premier tournoi du Grand Chelem. À peine quelques semaines plus tard, le 30 octobre, elle se retirait en plein milieu d’un match contre la Tchèque Karolína Plíšková en raison d’une déchirure à un ménisque.

Cette blessure a tenu la Torontoise à l’écart des courts pendant 15 longs mois, pendant lesquels elle a aussi dû composer avec la pandémie. Andreescu est finalement revenue au jeu le 8 février dernier. Mais au cours des derniers mois, elle a été confrontée à quelques malchances : elle a notamment été blessée à une jambe et à une cheville, en plus d’attraper la COVID-19.

Aujourd’hui, elle assure qu’elle est en pleine santé. Mais comment est-elle parvenue à garder sa motivation ?

« Il y a des jours où je me sens désespérée, parfois, mais je pense que tout le monde passe par là, a-t-elle dit en entrevue avec La Presse dans le cadre d’une tournée médiatique avec Amazon Canada. Je suis humaine, après tout. Quand je vis une de ces journées, j’essaie de rester aussi positive que je le peux. C’est super cliché à dire, mais pour moi, ça fonctionne. »

J’essaie de me concentrer sur les choses pour lesquelles je suis reconnaissante et de profiter des petits moments, que ce soit un coup parfait à l’entraînement, le temps passé avec mon chien Coco ou avec mes amis. Toutes ces choses aident vraiment.

Bianca Andreescu

À l’arrivée de la pandémie, en 2020, la jeune femme de 21 ans était déjà à l’écart des terrains depuis plusieurs mois. La COVID-19 était donc un obstacle de plus sur sa route.

« Il y a des jours où je ne faisais rien, je pleurais toute la journée et toute la nuit à propos de la pandémie et d’autres choses, comme le fait de ne pas pouvoir aller sur le court et tout ça », raconte-t-elle.

Puis, d’autres jours, elle s’occupait l’esprit en s’exprimant différemment que par le sport. Elle a d’ailleurs pu passer beaucoup de temps avec sa famille, « ce qui a beaucoup aidé », soutient-elle.

« J’ai commencé à faire de la musique, à faire plus de cuisine. J’ai trouvé plusieurs façons de rester productive et j’étais toujours capable de m’entraîner parce que j’ai de l’équipement de tennis dans mon sous-sol », relate-t-elle.

Andreescu a d’ailleurs récemment collaboré avec Amazon Canada pour lancer, par l’entremise de l’assistant vocal Alexa, une série de contenus s’adressant aux amateurs de sports. Les Canadiens pourront parler avec la joueuse de tennis et l’interroger sur son parcours, son alimentation, son entraînement, ce qui la motive… Et le tout sera offert en français.

« Alexa sera moi, alors ils [les Canadiens] peuvent avoir une mini-conversation avec moi, en un sens, explique-t-elle. Par exemple, j’ai parlé un peu de mon enfance en Roumanie. J’ai aussi parlé beaucoup des Internationaux des États-Unis, raconté des faits intéressants sur comment cela s’est passé, par exemple le fait que je me suis écrit un chèque à l’époque » dans l’espoir d’un jour le remporter.

« C’est une belle façon d’interagir avec mes fans, poursuit-elle. Certains de mes objectifs dans la vie sont de faire ça, d’inspirer les autres, de faire rire les gens. »

Séparation professionnelle

Le 8 juin, Andreescu annonçait que son entraîneur Sylvain Bruneau et elle avaient décidé, d’un commun accord, de mettre un terme à leur relation professionnelle. Interrogée sur les raisons qui ont mené à cette décision, celle qui pointe au 5e rang mondial est restée évasive.

« Il y avait quelques éléments, soutient-elle sans plus de détails. Comme dans plusieurs relations, les choses arrivent à une fin. Pour moi, c’était la fin de notre relation professionnelle, mais pas de notre amitié, parce qu’il est comme ma famille. Je l’aime de tout mon cœur. »

Ils ont d’ailleurs gardé contact, fait-elle savoir. Bruneau lui a notamment souhaité bonne chance avant son premier match à Wimbledon.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvain Bruneau et Bianca Andreescu

Quand je regarde derrière, je pense que c’était la bonne décision, mais ce n’est tout de même pas facile parce que j’ai été avec lui pendant quatre, cinq ans. Mais j’ai hâte au prochain chapitre de ma vie.

Bianca Andreescu

Le processus pour trouver un autre entraîneur va bon train. La jeune femme devrait prendre une décision dans les prochains jours, révèle-t-elle.

Prête pour Montréal

Les amateurs de tennis l’auront assurément remarqué : Andreescu n’est pas à Tokyo pour les Jeux olympiques. Elle s’est retirée du tournoi à la mi-juillet « en raison de tous les défis reliés à la pandémie ». La jeune femme affirme avoir aussi pris cette décision pour sa « santé physique et mentale ».

« Ça a demandé beaucoup de temps avant de prendre la décision finale, mais je sais que j’aurai encore au moins deux Jeux olympiques », laisse-t-elle entendre.

Rassurez-vous : la Torontoise sera de l’Omnium Banque Nationale, qui aura lieu à Montréal du 7 au 15 août. Elle se sent en pleine forme et prête à défendre son titre remporté il y a deux ans, lors de la dernière édition de l’évènement.

« Je me suis vraiment bien préparée, assure-t-elle. J’adore jouer sur terrain dur, alors je me sens très confiante. »

Elle se disait d’ailleurs heureuse de la décision du gouvernement du Canada de permettre jusqu’à 5000 personnes par séance au stade IGA (c’était la limite de spectateurs autorisés pour des évènements extérieurs au moment où l’entrevue a été réalisée, mais cette limite a été haussée à 15 000 lundi).

« Je me souviens quand j’ai joué à la Coupe Rogers et ce que j’aimais le plus était la foule, parce que je suis à la maison. »

De « grands objectifs »

Andreescu a déjà connu de grands moments dans sa jeune carrière. Même si elle a été ralentie au cours des deux dernières années, elle n’entend pas s’arrêter maintenant. À l’écouter parler, le meilleur reste à venir.

« J’ai de très grands objectifs pour moi-même, confie-t-elle. Le principal est de rester en santé et de continuer d’être heureuse [sur le court]. »

« En matière de performances, je veux toujours jouer à mon meilleur niveau et donner mon 100 %, ajoute-t-elle. Avec un peu de chance, avec tout ça, je pourrai devenir la numéro un au monde. »

L’athlète présente un dossier de 12 victoires et 8 défaites en simple depuis le début de l’année 2021.