Bianca Andreescu n’a pu défendre ses chances jusqu’au bout, samedi en finale du tournoi de Miami, quand elle a été forcée à l’abandon par une blessure à la cheville droite. La Canadienne était alors menée 6-3, 4-0, par l’Australienne Ashleigh Barty, qui a ainsi défendu le titre qu’elle avait remporté en 2019.

Souvent gênée par les blessures depuis le début de sa carrière, Andreescu a bien tenté de poursuivre le match, mais elle n’était plus en mesure de rivaliser avec la numéro un mondial. Après avoir consulté son équipe, son nouveau préparateur physique Abdul Syllah en particulier, c’est les larmes aux yeux qu’elle a signifié son forfait.

« Abdul m’a sauvée de moi-même, a expliqué la Canadienne en visioconférence. Je me suis souvent poussée à continuer par le passé, au point d’aggraver les choses. Je voulais encore continuer, mais j’ai écouté Abdul et je sais que c’était la chose à faire aujourd’hui. »

Andreescu a raconté qu’elle s’était blessée plus tôt cette semaine. « Je me suis tourné la cheville, un accident bête, a-t-elle dit. C’est dommage, parce que cela a vraiment été un très bon tournoi pour moi. Je me suis bien battue pour remporter plusieurs matchs très difficiles. »

PHOTO GEOFF BURKE, USA TODAY SPORTS

Bianca Andreescu et Ashleigh Barty

Ses cinq matchs ont en effet été ardus, les quatre derniers, contre Amanda Anisimova (3e tour, 7-6 [4], 6-7 [2], 6-4), Garbiñe Muguruza (4e tour, 3-6, 6-3, 6-2), Sara Sorribes Tormo (quart de finale, 6-4, 3-6, 6-3) et Maria Sakkari (demi-finale, 7-6 [7], 3-6, 7-6 [4]), se jouant tous en trois manches mouvementées. Jeudi, vendredi matin en fait, elle a dû repousser deux balles de match avant de disposer de Sakkari à 1 h 30. Ce n’est qu’à 3 h du matin qu’elle s’est adressée aux journalistes.

J’ai l’impression d’avoir joué trois tournois en un cette semaine et mon corps a très bien résisté… jusqu’à aujourd’hui.

Bianca Andreescu

Des larmes et des émotions

La joueuse de 20 ans avait aussi dû déclarer forfait lors de sa première participation à Miami, au quatrième tour en 2019, quelques jours après sa victoire à Indian Wells. Et elle a encore dû s’absenter pendant plusieurs mois après sa victoire aux Internationaux des États-Unis de 2019, faisant finalement complètement l’impasse sur la saison 2020 en raison de la pandémie.

Enfin de retour au jeu cette saison, la joueuse de 20 ans n’avait pris part qu’à deux tournois, en Australie, avant le tournoi de Miami, et les choses ne s’étaient pas particulièrement bien passées. Pas étonnant dans ces conditions qu’Andreescu ait encore dû répondre à plusieurs questions sur ses blessures.

« Je ne veux pas avoir la réputation d’être toujours blessée, même si cela m’est malheureusement arrivé souvent, a-t-elle assuré. Je ne veux pas être définie par mes blessures ! Toutes les joueuses doivent composer avec les blessures et on n’en parle pas autant. »

La Canadienne est très expressive sur le terrain, capable d’exploser de joie ou de fondre en larmes, comme on l’a vu samedi. Cette attitude lui vaut des admirateurs, mais elle l’expose aussi à certaines critiques.

Je porte mes émotions comme des vêtements. Je n’ai pas peur de les montrer, de montrer qui je suis. Pour moi, ce n’est pas un signe de faiblesse, bien au contraire. C’est ce qui m’aide à gagner.

Bianca Andreescu

« Aujourd’hui, mes larmes trahissaient bien des choses, a-t-elle expliqué. Personne n’aime abandonner un match, particulièrement une finale. Je n’ai que 20 ans et cela aurait été ridicule de prendre des risques inutiles. Je peux être super résiliente, je l’ai souvent montré, mais arrêter de jouer était la bonne chose à faire aujourd’hui. »

Une rivalité au sommet ?

À la fin du match, Andreescu a retrouvé Barty au filet. « Elle m’a félicitée pour le début du match, m’a dit qu’elle était désolée pour moi, a raconté la Canadienne, touchée par la gentillesse de sa rivale. Elle m’a aussi dit qu’on s’affronterait sans doute plus souvent à l’avenir. »

Barty a aussi fait l’impasse sur la saison 2020 en raison de la pandémie, préférant rester chez elle en Australie. Elle a remporté samedi son 10e titre en carrière, son deuxième de la saison. « Personne n’aime gagner de cette façon, a insisté la numéro un mondial, après sa victoire. C’est dommage pour Bianca, elle a été malchanceuse avec les blessures jusqu’ici dans sa carrière et j’espère qu’elle se rétablira vite. »

Andreescu a justement bon espoir qu’elle pourra revenir au jeu prochainement. « J’ai déjà commencé à visualiser le processus de guérison, a-t-elle assuré. Je veux maintenant intégrer toutes les choses positives que j’ai apprises cette semaine, bâtir là-dessus à l’entraînement et préparer la suite de la saison. »

L’arrivée de Syllah, un préparateur physique réputé qui a déjà travaillé avec Serena Williams et Naomi Osaka, devrait aussi aider la Canadienne à mieux composer avec les rigueurs d’un calendrier chargé.

Depuis le début de 2019, Andreescu n’a subi que deux défaites en 35 matchs en Amérique du Nord, les deux à Miami, par forfait. C’est toutefois sur la terre battue, en Europe que les prochains grands tournois devraient être disputés, si la situation le permet.

« Je suis dans un bien meilleur état d’esprit qu’à mon retour d’Australie, a-t-elle estimé. Ça m’arrivait encore d’être négative, de me plaindre de tout ce qui m’arrivait. Là, je viens de jouer un très bon tournoi, j’ai confiance en mon jeu, en ma préparation, et j’ai hâte de me retrouver sur la terre battue, une surface où je suis aussi à l’aise. »

La Canadienne pourrait y retrouver Barty, la championne du tournoi de Roland-Garros en 2019, qui n’était pas à Paris l’automne dernier.

« [Barty] est une grande joueuse, et je me débrouille pas mal moi aussi, a rappelé Andreescu, sourire aux lèvres. J’imagine très bien que nous pourrions développer une belle rivalité. Elle frappe bien tous les coups et aime bien varier son jeu, un peu comme moi. J’ai réalisé que ce n’était pas très amusant d’affronter une telle adversaire ! J’espère que la prochaine fois, je serai en santé et que le résultat sera différent. »

Des bourses réduites

Avec une dotation totale réduite de 10 millions en raison de la pandémie (on est passé de 16,7 à 6,68 millions US), ce sont des bourses très réduites qui sont remises aux joueurs cette année à Miami. Bianca Andreescu a ainsi touché une somme de 165 000 $ US, alors que la championne Ashleigh Barty a reçu 300 000 $ US.