(New York) En 1999, Serena Williams, 17 ans, remportait lors du US Open son premier titre du Grand Chelem. Vingt ans plus tard et après trois saisons marquées par la maternité et les blessures, elle vise à Flushing Meadows un 24e titre majeur pour égaler le record de Margaret Court.

En deux décennies, la cadette des sœurs Williams, qui fêtera ses 38 ans le 26 septembre, s’est forgé un palmarès unique avec 72 titres dont 23 du Grand Chelem (déjà six US Open, en 1999, 2002, 2008, 2012, 2013 et 2014). Pas une joueuse, pas une surface ne lui ont résisté : aujourd’hui tombée à la 8e place mondiale, elle a déjà laissé une empreinte indélébile sur dur, sur herbe et sur terre.

Mais durant toutes ces années, quand chez les messieurs Roger Federer (38 ans) et Rafael Nadal (33 ans) ont fait évoluer leur jeu pour durer, Serena a continué de marteler son jeu surpuissant de fond de court.

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Serana Williams après sa victoire au US Open, en 1999.

«Si vous comparez la Serena de 1999 à celle d’aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de différence : son jeu ne s’est pas développé au point de changer, de devenir plus varié ou quoi que ce soit», souligne son ancien partenaire d’entraînement (2008 à 2015) Sascha Bajin dans un entretien publié par la WTA quelques jours avant le début du US Open (26 août-8 septembre), où l’Américaine affrontera dès le premier tour une autre star de son sport, Maria Sharapova.

«À fond»

Il note bien une amélioration du service et de l’amorti, mais rien de transcendant.

«Ce qui m’impressionne le plus, c’est qu’elle ait réussi à maintenir ce niveau tout au long de ces 20 années, ajoute le coach. Depuis 20 ans, elle est à fond chaque jour!» En termes de concentration, de détermination comme de discipline.

«Chaque fois que Serena entre sur un court, elle se voit en sortir gagnante», relève encore Bajin, qui entraînait la Japonaise Naomi Osaka lorsqu’elle a remporté l’an dernier à New York son premier titre du Grand Chelem, en battant Serena en finale.

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Sascha Bajin et Naomi Osaka lors du tournoi de Brisbane, en janvier dernier.

L’Américaine avait perdu le contrôle de ses nerfs, écopant d’un jeu de pénalité et concédant finalement la partie dans un scénario ahurissant.

Depuis, elle n’a joué qu’une finale de Grand Chelem, en juillet à Wimbledon où elle s’est inclinée sèchement face à la Roumaine Simona Halep.

La tournée sur dur préparatoire au US Open ne s’est pas non plus déroulée comme elle l’espérait : Serena Williams a abandonné en pleurs après quatre jeux en finale à Toronto à cause de douleurs dorsales, des douleurs qui l’ont ensuite poussée à déclarer forfait avant son entrée en lice à Cincinnati.

Maternité et blessures

Si bien qu’elle attend toujours de décrocher son premier titre depuis son retour de maternité en mars 2018, après avoir donné naissance à sa fille Olympia, en septembre 2017. Son dernier trophée remonte donc aux Internationaux d’Australie, son 23e Majeur en janvier 2017, malgré trois finales de Grand Chelem disputées depuis.

Et sa saison 2019 a été également contrecarrée par des problèmes à un genou, survenus avant ceux qui ont touché son dos ces dernières semaines.

Mais, malgré les blessures et la maternité, et même si elle n’a joué que 26 matchs cette année avant d’aborder le US Open, elle en sera une nouvelle fois l’une des principales prétendantes.

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Serena Williams et Bianca Andreescu après le match de finale de la Coupe Rogers, plus tôt ce mois-ci.

«Sans aucun doute, si elle tient physiquement alors elle peut faire un très bon résultat, c’est certain», a assuré la Canadienne Bianca Andreescu, qui a profité de son abandon en finale à Toronto.

Le Français Jo-Wilfried Tsonga, qui connaît lui aussi la paternité depuis 2017, a toutefois souligné les difficultés rencontrées par tous les joueurs de retour de blessure : «En général on n’est pas prêt à 100% parce qu’on a besoin de jouer, on a besoin de rythme, on a besoin de matchs.»

Or, justement, Serena sera dans le dur immédiatement puisque le tirage au sort lui a réservé au premier tour Sharapova, lauréate à New York en 2006, elle aussi ex-N.1 mondiale retombée au 87e rang de la WTA, et elle aussi minée par les blessures depuis plus de deux ans.

Un choc qu’Osaka et Halep ne manqueront pas de regarder, selon leur propre aveu.