Je commence à avoir hâte à la Coupe du monde de soccer. Parce que se morfondre à force de regarder un bleu-blanc-noir à la dérive a un côté déprimant plutôt indésirable en ce printemps. Un printemps où la récolte famélique de points au classement est avant tout une indication que l'on a négligé le travail qui était nécessaire au temps des semences. Car le début de saison catastrophique de l'Impact de Montréal n'est que la suite logique de la séquence perdante de la fin de calendrier en 2013.

Au risque de tourner le couteau dans la plaie, parlons d'abord du naufrage à Kansas City, samedi. À commencer par la part de responsabilité de l'entraîneur Frank Klopas, dont le plan de match, dans les circonstances, n'était pas si mauvais au départ. Défendre en bloc contre une équipe championne, c'est logique. Miser sur les contre-attaques de Felipe et de Di Vaio, c'est une recette éprouvée. Enfin, injecter du sang neuf à la défense et au milieu, ça ne pouvait qu'apporter une bouffée d'air frais à une équipe constamment sur le point de suffoquer.

Et pourtant, se priver d'Hassoun Camara, le meilleur des siens sur jeu aérien, pour affronter le Sporting et son as Aurélien Collin, c'est un pari perdant.

Remplacer Mapp à la mi-temps par un Romero qui répète ses inepties, voilà une substitution dont Socrate aurait du mal à faire l'apologie.

Mais l'objet de ce billet n'est pas de condamner Klopas sans tribunal. Car même en modifiant son alignement, le résultat aurait-il pu être bien différent? Force est de constater que l'entraîneur montréalais n'a pas à sa disposition des outils bien tranchants. Se pourrait-il que Klopas refuse de rencontrer les médias, même en catimini, de peur d'admettre qu'il est finalement du même avis?

Recrutement déficient

On parlait de semences... Quand on considère que l'Impact n'a remporté qu'un seul de ses 16 derniers matchs (en chevauchant 2013 et 2014), on est en droit de se demander comment la direction n'a pas diagnostiqué les problèmes si criants de l'effectif montréalais.

Au renvoi de Marco Schällibaum, on avait maintes fois répété qu'il fallait prendre le temps de faire le bilan pour analyser le déclin soudain du onze montréalais.

Mais en faisant porter le blâme à l'entraîneur - qui avait tout de même réussi, ne serait-ce que temporairement, à soutirer le meilleur de cette équipe vieillissante -, on s'est soustrait à des remises en question nécessaires au sujet de la vision de la direction et de ses efforts de recrutement.

Depuis l'été 2011, on procède à des acquisitions par cycles en semblant suivre l'humeur du moment.

D'abord, l'épisode français qui précède l'entrée en MLS et duquel Hassoun Camara est l'unique survivant. À un moment, ils étaient six dans l'effectif.

Mécontent des Gaulois, on procède ensuite à une razzia de la Serie A, qui procure son brin de visibilité et, l'espace d'un instant, une brève impression de dolce vita. Qu'on me comprenne bien, Di Vaio et Nesta sont des bons coups. Mais quand on pense à Iapichino, Paponi ou Pisanu, il faut reconnaître qu'il y a eu abus.

Depuis, la mode est au marché sud-américain. Avec Hernan Bernardello, l'Impact a mis la main sur un joueur intense et doué mais qui, mis à part une passe décisive à son premier match l'an dernier, n'a jamais fait la différence pour permettre aux siens de gagner une rencontre. Quant à Andrés Romero, je ne sais comment s'y est pris l'agent qui l'a vendu, mais malgré sa vitesse et quelques buts, je doute fortement que l'on ferait preuve d'autant de patience avec un joueur qui perd si souvent le ballon s'il s'agissait d'un plombier de MLS ou encore d'un joueur de l'Académie.

À ce rythme, c'est davantage un Messi qu'un Piatti qui permettrait de renverser la tendance...

Bref, il n'y a pas que les joueurs et l'entraîneur qui ont besoin de se regarder dans le miroir en ce début de saison si misérable.