Le repêchage d'expansion de la Major League Soccer, étape importante dans la construction du nouvel Impact de Montréal, a lieu aujourd'hui. Notre collaborateur explique les défis - et les tentations - auxquels sont confrontés les dirigeants du club.

Les listes de protection sont enfin sorties. Le marché est ouvert. L'heure est à la spéculation. Faut-il viser les gains à court terme ou la croissance à long terme? L'entraîneur Jesse Marsch devrait-il se fier à son instinct pour guider ses choix ou vaut-il mieux prendre le temps de calculer méthodiquement l'apport potentiel de chaque joueur disponible?

Si le club montréalais a le privilège de choisir 10 nouveaux joueurs pour étoffer un effectif qui n'en compte actuellement que quatre, les bonnes affaires sont plutôt rares dans ce genre d'exercice.

D'ailleurs, ce repêchage ressemble étrangement à une visite au marché aux puces. Devant l'étalage de joueurs que les autres clubs n'ont pas retenus, il n'est pas évident de rester stoïque d'autant plus que certains joueurs disponibles font saliver un public plus habitué au calibre de la NASL.

Dans un tel contexte, la tentation pourrait faire dévier du droit chemin les esprits fragiles. Pour éviter de revenir du Super Mercado les poches remplies de bébelles qui ne seront jamais très utiles, Jesse Marsch et Nick De Santis doivent avoir une idée claire de ce qu'ils y cherchent.

Le seul ennui, c'est qu'on ne connaît pas tout à fait les intentions de l'Impact dans ce repêchage. Si partisans et journalistes nagent actuellement dans le noir, c'est surtout parce que l'état-major montréalais, cloîtré depuis hier dans son «war room», se fait depuis l'été un devoir de garder sa stratégie secrète.

Les grandes lignes du plan

On a déjà fait allusion à ce que pourraient être les grandes lignes du plan technique de l'Impact. En résumé, la philosophie de la direction est de bâtir l'épine dorsale de l'équipe avec des joueurs «capables de faire la différence», qu'ils soient «désignés» ou non. Le défenseur central colombien Nelson Rivas entre dans cette catégorie et je pense qu'on peut anticiper la mise sous contrat d'un milieu offensif sud-américain et d'un attaquant européen ou vice-versa. Les dirigeants montréalais ont multiplié les déplacements à l'étranger cet automne et l'on se doute bien qu'ils ont hâte de lever le voile sur le fruit de leur récolte. C'est ainsi qu'on formera l'ossature d'un club dont le sort dépendra en grande partie du rendement de ces joueurs clés.

Ainsi, si tout se déroule comme prévu avec ces embauches, les places à combler se situent davantage en périphérie du système. C'est surtout là que le repêchage d'expansion entre en jeu car on voudra peut-être entourer les «cadres» de l'organisation avec des plombiers qui ont une bonne expérience en MLS.

Il ne faudrait donc pas être surpris, ou déçu, si l'Impact optait pour des joueurs moins connus lors de l'enchère. Encore une fois, il est difficile de se faire une idée puisque la plupart des cartes restent cachées.

Bâtir une équipe compétitive

Jesse Marsch répète depuis son arrivée qu'il a l'intention de présenter sur le terrain une équipe qui sera compétitive. Dans ses déclarations aux médias, l'Américain laissait entendre que ses choix étaient faits mais qu'il prendrait tout de même le temps de réviser chaque possibilité au peigne fin. L'état-major bleu-blanc-noir serait donc en train d'effectuer une analyse de type «Moneyball» dans son cagibi du stade Saputo...

Puisqu'il connaît si bien les joueurs de la ligue, on a pourtant envie d'encourager Marsch à choisir sans hésiter ceux dont il juge le talent et le caractère adéquats pour relever le défi de jouer dans une équipe d'expansion. Freddy Adu est disponible? Ne te laisse pas influencer, mon cher Jesse!

On n'a pas l'habitude des repêchages dans le monde du soccer, mais l'exercice dans lequel on se plonge cette semaine est assez trépidant. Les discussions s'animent au sujet du club montréalais et c'est finalement pour une bonne raison.