En 2010, l'Inter Milan a remporté la Ligue des champions de football en alignant en finale un onze de départ sans le moindre joueur italien, illustrant l'internationalisation croissante des équipes professionnelles soulignée dans une étude sur le sport et les nationalités.

«Avec la construction européenne, les limitations ou quotas de joueurs étrangers ont volé en éclat», souligne l'avocat Michel Pautot, spécialiste du droit du sport. «La construction européenne a favorisé le développement d'un sport sans frontières, avec la constitution d'équipes cosmopolites».

De l'arrêt Bosman de 1995, qui a reconnu la libre circulation des sportifs européens au sein de l'espace communautaire, à l'arrêt Malaja en 2002 - dont il est lui-même à l'origine -, qui a ouvert les frontières européennes aux athlètes d'une centaine de pays associés à l'UE, plusieurs décisions de justice ont rappelé que le sport n'échappait pas à la primauté du droit communautaire.

Avec un impact important sur le recrutement. «Dans certains clubs de Premier League, le phénomène est poussé à l'extrême», note Michel Pautot. En janvier 2010, pour la première fois, un match de Premier League entre Portsmouth et Arsenal a même débuté sans un seul joueur anglais sur le terrain.

Lors du dernier Mondial, près de 60% des joueurs sélectionnés évoluaient dans un club d'un pays autre que le leur, contre 50% en 2002, et 55% en 2006. Sur les 32 équipes présentes en Afrique du Sud, 12 étaient dirigées par des sélectionneurs étrangers.

Paradoxe

Au niveau des équipes nationales, la proportion de joueurs nés dans un pays étranger a aussi augmenté. «Il y a un petit paradoxe. On dit qu'il y a trop d'étrangers, mais en même temps on est moins regardant sur les conditions de naturalisation pour l'équipe nationale», remarque Michel Pautot.

Les grands championnats européens sont la destination première, tandis que l'Argentine est le premier exportateur mondial de joueurs professionnels, avec 1800 expatriés en 2009/10, supplantant dans ce rôle le Brésil (1440).

«Compter les étrangers dans un club est une chose, mais leur influence est plus grande qu'elle n'apparaît dans les chiffres», estime Michel Pautot. «Bien souvent, ce sont les meilleurs buteurs. En Ligue des champions, à part Wayne Rooney, le meilleur buteur de la compétition fut quasiment toujours un joueur étranger.»

«La question sous-jacente est: y a-t-il une perte d'identité des clubs ?», avance Michel Pautot. Si, selon lui, certains clubs «seront toujours tentés d'assembler des légions étrangères, composées de mercenaires expatriés sans considération pour une quelconque histoire ou identité propre à un club», d'autres privilégient formation et système de jeu. «Lionel Messi a beau être Argentin, il est avant tout un joueur qui a adopté le style et la philosophie du FC Barcelone», juge l'avocat.