Le chemin menant au succès emprunte parfois des méandres étranges. Avant de s'imposer comme l'une des révélations de la saison en Europe, l'entraîneur du FC Porto Andres Villas Boas, âgé de 33 ans, n'a pas hésité à acquérir de l'expérience aux îles Vierges britanniques et à quitter une certaine sécurité sous Jose Mourinho pour relever deux grands défis de taille dans le championnat portugais.

Comme dans toute belle histoire, il faut une rencontre aussi bien marquante qu'improbable en préambule. Villas Boas a vécu ce moment à l'âge de 16 ans en croisant le chemin de Bobby Robson qui résidait dans le même immeuble. S'exprimant dans un anglais impeccable et féru de soccer, le jeune homme a rapidement tapé dans l'oeil du défunt entraîneur du FC Porto.

Grâce aux recommandations de ce dernier et de son adjoint, Jose Mourinho, Villas Boas a immédiatement entamé sa formation d'entraîneur auprès de l'UEFA. Petit détail, du haut de ses 17 ans, il n'avait pas l'âge requis pour entreprendre cette démarche. Cela a par contre eu l'effet de le conforter dans ce choix de carrière. Après avoir occupé différentes fonctions à Porto, il a ensuite obtenu ses licences lui permettant de devenir officiellement entraîneur.

Si Robson et Mourinho sont entretemps partis pour le FC Barcelone, Villas Boas a choisi un terrain de jeu plus exotique pour sa première grande expérience en solitaire. En omettant de dévoiler son âge, il a obtenu en l'an 2000 le poste d'entraîneur des îles Vierges britanniques, alors 160es au classement FIFA. En toute logique, il n'est pas parvenu à qualifier l'archipel pour le premier Mondial asiatique et a aussitôt repris le chemin du FC Porto afin de s'occuper des moins de 19 ans.

Un an plus tard, il a retrouvé une vieille connaissance en la personne de Mourinho qui, après un court passage au Benfica Lisbonne, avait été nommé entraîneur à Porto. Villas Boas a alors fait son entrée dans la garde rapprochée du «Mou». Sa mission? La supervision des futurs adversaires. Ou pour reprendre une expression mourinhesque, devenir ses «yeux et ses oreilles». Que ce soit à Porto, à Chelsea puis enfin à l'Inter Milan.

«Mon travail permet à Jose de savoir exactement quand un joueur adverse risque d'être au sommet de sa forme ou d'être en difficultés, a déjà indiqué Villas Boas en entrevue. Je me déplace sur les terrains d'entraînement, souvent incognito, et je surveille l'état mental et physique de l'adversaire avant de tirer mes conclusions et de présenter un dossier complet à Jose.»

Le besoin de sortir de l'ombre s'est fait sentir en 2009 lorsqu'il a accepté de diriger l'Academica de Coimbra, bon dernier du championnat portugais. En quelques semaines, Villas Boas a redressé la situation pour finir la saison en 11e place. S'il est passé très près de s'engager avec le Sporting Portugal, il est devenu officiellement entraîneur du FC Porto au mois de juin 2010.

La belle histoire se transforme ici en conte de fées. Les Dragons ont connu la meilleure première moitié de saison de leur histoire avec 13 victoires, dont un gain de 5-0 contre Benfica, et deux matchs nuls en 15 rencontres de championnat. Même efficacité en Ligue Europa avec 16 points amassés sur une possibilité de 18. Ce n'est que le 2 janvier, en Coupe de la Ligue, que Porto a encaissé un premier revers sous Villas Boas.

Quelle est sa recette? Même si le groupe est quasiment inchangé par rapport à 2009-2010 - à deux exceptions près - et s'il utilise la même tactique, il mise sur un jeu plus léché collectivement avec davantage de possession. Et comme Mourinho, avec qui la comparaison est évidente, il possède cette faculté à motiver et à rendre ses joueurs plus forts mentalement et tactiquement.

Même si Villas Boas fait tout pour briser ce parallèle, la prochaine étape risque plutôt de le renforcer. Déjà, certains clubs anglais le surveilleraient de très près.