Les huitièmes de finale du Mondial-2014 se profilent avec un calendrier qui pourrait sourire, sauf surprise, aux Pays-Bas.

Brésil-Chili: Virage pour la Seleçao

Le Mondial commence vraiment pour le Brésil. La Seleçao a vécu un premier tour plutôt tranquille. Le match d'ouverture lui a souri contre la Croatie (3-1) grâce à un penalty polémique très généreux accordé à Fred donnant un score final flatteur. Le dernier match face au Cameroun, éliminé, était facile (4-1). Mais le Brésil s'est heurté contre le Mexique à un gardien fabuleux, Ochoa (0-0). Le Chili, qui n'est tombé que contre les Pays-Bas (2-0), sera d'un tout autre calibre. L'autre «Roja» pratique un jeu rapide, fait de courtes passes, mais beaucoup plus physique que beaucoup d'équipes européennes. Si la Seleçao l'emporte, il lui faudra ensuite affronter le vainqueur de Colombie-Uruguay. Tout sauf un cadeau.

Photo Vanderlei Almeida, AFP

Fred et Neymar, de l'équipe du Brésil.

Colombie-Uruguay: la Celeste galvanisée ?

Le ciel est-il tombé sur la tête de la Celeste avec la suspension de 9 matches pour le mordant Suarez ? Certes le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe - 41 buts en 79 sélections - va manquer devant. Mais le coach Oscar Tabarez va jouer sur la corde du «tout le monde est contre nous», ressort vieux comme le monde. Les Uruguayens risquent bien d'entrer sur le terrain galvanisés. Mais les «Cafeteros» de Colombie, s'ils résistent au défi physique adverse, pourront opposer leur beau jeu en mouvement conduit par James Rodriguez.

Photo Hassan Ammar, AP

Luis Suarez

Pays-Bas-Mexique: Ochoa résistera-t-il ?

Les Pays-Bas furent l'équipe la plus impressionnante du premier tour avec 10 buts marqués en 3 matches. Les Robben et Van Persie vont cette fois avoir un gardien exceptionnel en face d'eux, avec Ochoa, qui avait écoeuré le Brésil de Neymar précédemment. Un futur classique ? Si les hommes de Louis Van Gaal passent cette étape, la route semble dégagée car ensuite, c'est le vainqueur de Costa Rica-Grèce qui leur sera proposé. Sans doute plus facile que la «Tri».

Costa Rica-Grèce: duel improbable

Qui aurait parié sur un 8e de finale pareil ? Le Costa Rica a crevé l'écran avec des joueurs comme Campbell. Et les Grecs, fidèles à la recette qui leur avait permis d'être champions d'Europe en 2004, sont toujours prompts à profiter de la moindre erreur adverse. C'est un penalty en fin de match contre la Côte d'Ivoire qui les a envoyés au 8e ciel.

Photo AP

Arjen Robben (à droite)

France-Nigeria: les Bleus dans le dur

L'équipe de France avait séduit avec 8 buts en 2 matches mais a un peu déçu lors de son dernier match de poule (0-0 contre l'Équateur). Pour leur défense, les Bleus étaient déjà pratiquement qualifiés et Didier Deschamps a fait tourner en prévision de la suite. Attention au Nigeria qui possède un gardien d'exception, Eneyama, et quelques gros clients en attaque comme Emenike.

Photo AFP

Karim Benzema

Argentine-Suisse: Messi, Messi, Messi...

La Suisse, mis à part sa sortie de route contre la France (5-2) a réalisé un joli premier tour. Shaqiri a ainsi signé le 50e triplé de l'histoire de la Coupe du monde contre le Honduras (3-0). Mais voilà que se dresse sur sa route l'Argentine. L'Albiceleste n'a pas convaincu collectivement, mais possède Messi, capable de gestes venus d'ailleurs et co-meilleur buteur du tournoi avec Neymar et Müller (4 buts).

Allemagne-Algérie: Klose pour le record ?

Le duel semble déséquilibré sur le papier. La Mannschaft paraît sûre de sa force, avec un excellent gardien, Neuer, et un attaquant en pleine forme, Müller, meilleur buteur du Mondial (4) à égalité avec Neymar et Messi. L'Algérie de «Coach Vahid» aura peut-être laissé trop d'influx dans sa qualification historique pour les 8e de finale. Si l'Allemagne ne prend pas son adversaire à la légère (comme au Mondial-1982, défaite de la RFA 2 à 1), ouvre assez rapidement le score et contrôle le match, le coach allemand Joachim Löw pourrait alors faire entrer Klose, son vieux renard des surfaces de 36 ans, pour lui offrir l'opportunité de devenir le meilleur marqueur de tous les temps en Coupe du monde. Pour l'heure, le joueur de la Lazio Rome est à égalité avec Ronaldo «O Fenomeno» (15 buts chacun).

Belgique - États-Unis: Hazard sera reposé

Les deux équipes ne vont pas se présenter dans le même état de fraîcheur pour ce 8e. Les Belges étaient déjà qualifiés avant leur dernier match de poule et Marc Wilmots a donc laissé au repos ses pépites Hazard et Lukaku. Ce n'était pas le cas des États-Unis, dans un groupe où tout était ouvert. La «locomotive US», le capitaine Dempsey a dû jouer tout le match contre l'Allemagne (vainqueur 1 à 0) sur la pelouse détrempée de Recife dans des conditions difficiles.

Photo AFP

Lionel Messi et Angel Di Maria

Le Mondial analysé continent par continent

Le premier tour du Mondial-2014 s'achève avec le déclin des vieilles places fortes de l'Europe, une Amérique latine insolente, une Asie moribonde et une Afrique à l'image ternie.

EUROPE: bye bye les vieilles écoles

L'Angleterre, championne du monde 1966, l'Italie, couronnée en 1934, 1938, 1982 et 2006, et l'Espagne, tenante du titre, ont donc quitté prématurément le tournoi au premier tour. Au revoir donc les Rooney, Balotelli, Pirlo, Casillas, Xavi et Iniesta. Il faut ajouter Cristiano Ronaldo, Ballon d'Or 2013, éliminé avec le Portugal.

La plus grosse claque fut pour la «Roja», dont le triplé inédit Euro-2008/Mondial-2010/Euro-2012 n'a pas pesé bien lourd au pays du «futebol». Place à la jeune génération incarnée par Thiago Alcantara, Koke ou Isco.

Le vieux continent a aussi perdu la Bosnie, qui participait à son premier Mondial, et la Croatie de Modric inefficace. Pour la Russie, ça fait désordre: l'organisateur de la prochaine Coupe du monde, entraîné par Fabio Capello, est éliminé au premier tour.

En revanche, l'Allemagne n'a pas tremblé. Les Pays-Bas, finalistes 2010, ont tenu leur rang, oubliant un Euro-2012 raté. Et la Belgique a honoré ses promesses avec la génération Hazard. La France et la Suisse sont, comme prévu, allées en 8e de finale. Au rayon des surprises, il y a la Grèce, championne d'Europe 2004, parvenue à se hisser aussi dans le Top 16 mondial pour la première fois.

AMÉRIQUE LATINE: «A Festa !»

«La fête !», comme on dit au Brésil. Qu'ils viennent d'Amérique du sud ou centrale, ils sont les grands vainqueurs du premier tour. Le Brésil, le Mexique, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l'Uruguay et l'Argentine ont ainsi composté leur billet pour les 8e. Et on peut rajouter les États-Unis, qualifiés, pour l'Amérique du nord.

La Seleçao, après des débuts laborieux, va mieux offensivement avec son petit génie Neymar, comeilleur buteur du tournoi avec Messi et Müller (4 buts). Mais sa défense, surtout du côté droit (Dani Alves), ne présente pas toutes les garanties. Le problème est sensiblement le même avec l'Albiceleste, portée par son «crack» Messi mais qui ne rassure pas tout à fait encore. L'Uruguay aurait pu être satisfaite de son premier tour. La Celeste a survécu au «groupe de la mort», le groupe D. Mais son buteur-vedette Suarez a mordu l'Italien Chiellini. Il a été suspendu pour 9 matches. Pour les révélations, il faut parler de Campbell avec le Costa Rica, Ochoa avec le Mexique et James Rodriguez avec la Colombie.

AFRIQUE: toujours des embrouilles...

Les seules bonnes nouvelles sont les qualifications du Nigeria, pour la 3e fois, et celle historique de l'Algérie. Pour le reste, l'Afrique a brouillé son image. Les Lions Indomptables du Cameroun sont devenus les Lions Ingérables. Minés par des problèmes de primes avant l'arrivée au Brésil, les Camerounais ont ensuite mal vécu la blessure et les états d'âme de leur leader Eto'o. Le pire est venu avec une bagarre entre joueurs sur le terrain lors de la déroute face à la Croatie (4-0) quand Assou-Ekotto a donné un simili coup de tête à son coéquipier Moukandjo... Élimination logique, comme pour le Ghana. Les «Black Stars» ont également observé une grève de l'entraînement pour une affaire de primes non réglées, avant d'écarter deux joueurs Kevin-Prince Boateng et Sulley Muntari pour indiscipline envers le coach et un membre de la fédération. La Côte d'Ivoire a elle été empoisonnée par le statut de Drogba, remplaçant les deux premiers matches et que Yaya Touré, frappé par un deuil familial, n'a pas su remplacer. Elimination aussi.

ASIE: le crash

L'Australie n'a pas pris un seul point, le Japon n'a pas gagné un match, pas plus que la Corée du sud et l'Iran. La seule petite satisfaction est venue bizarrement de l'Iran, qui a fait un nul contre le Nigeria (0-0), a perdu par la plus petite des marges contre l'Argentine (1-0), avant de s'incliner plus lourdement lors de son dernier match contre la Bosnie (3-1). Le match contre l'Argentine a révélé le gardien Haghighi multipliant les arrêts de classe, avant un éclair de Messi.