Depuis que Leonardo l'entraîne, l'Inter Milan a gagné tous ses matches, repris 7 points à l'AC Milan en championnat, ses joueurs ont retrouvé un sourire effacé sous Benitez et leur jeu dévastateur, mais le déplacement à Udine, dimanche, va tester la magie du Brésilien.

Reçu 5/5. Cinq matches, cinq victoires pour «Leo», arrivé à Noël. Les quatre succès en Serie A ont permis à l'Inter de recoller, à 6 points de l'AC Milan avec encore un match à rattraper le 16 février à la Fiorentina. Et la course au titre est rouverte, même si le président Massimo Moratti assure: «Je n'ai jamais considéré qu'elle était close».

L'Inter file à la moyenne de trois buts par match, et le Brésilien est couvert d'éloges. «Leonardo est une personne très intelligente, dit par exemple Moratti, et dans intelligence il y a aussi la rapidité, la capacité de transmettre ce que tu penses. Il a brillamment prouvé les qualités que je lui attribuais.»

L'Inter ne jouait pas si mal avant l'arrivée de Leonardo, et la justification avancée par Benitez pour justifier ses échecs (les nombreux blessés), était recevable. Mais le départ de l'Espagnol, qui n'avait visiblement plus l'oreille ni la confiance de ses joueurs, semble avoir fait du bien.

Le buteur Samuel Eto'o a levé un coin du voile sur la fin de parcours en queue de poisson de Rafa: «Jusqu'au match contre la Juventus (0-0 le 3 octobre) nous avons bien joué. Puis il s'est passé quelque chose dans le vestiaire, et ça s'est fini comme ça s'est fini. Moi, j'avais d'excellents rapports avec lui, inutile de chercher un coupable».

On n'en saura pas plus. Mais les allusions du défenseur Marco Materazzi sur son site internet ne trompent pas sur le désamour entre l'effectif et Benitez: «On ne confie pas une Formule 1 (l'Inter, ndlr) à un agent de la circulation»...

Affectif

Bref, tout sourit à Leonardo, même ses joueurs. «On sent un enthousiasme instinctif, estime Moratti, et bien des fois l'instinct a raison, c'est pourquoi nous espérons que cet enthousiasme amènera des résultats».

Leonardo, qui cite José Mourinho - toujours adulé à l'Inter - comme modèle, a pour l'instant tout bon en relations humaines. Il ne manque jamais de citer le «formidable état d'esprit» de ses joueurs ni leur «caractère». Ils sont «libres dans leur tête», explique-t-il. Il a toujours pour eux une tape amicale. C'est un affectif au geste câlin, dans le genre de Maradona mais avec plus de retenue que l'Argentin.

Il sait aussi dire ce que les tifosi aiment entendre, pratiquant comme Materazzi la métaphore automobile: «L'Inter, au-delà d'un classement encore virtuel (le match en retard, ndlr), joue pour le Scudetto (le titre) parce qu'il a l'ADN de la victoire, il court pour gagner, quelle que soit sa place sur la grille de départ, comme Ayrton Senna, qui visait le drapeau à damier même s'il partait 20e.»

Leo a même séduit la presse italienne (qui l'aimait déjà). Il est affable et ne mégote pas sur ses réponses, même quand on le taquine sur son long passé à l'AC Milan, le rival honni.

Mais ce n'est encore que le début de son aventure. Les premiers mois, Benitez était appelé le «Special Two» - en référence à Mourinho «The Special One» - à San Siro...

Le déplacement à l'Udinese s'annonce samedi plus ardu que la réception de Cesena (17e), difficilement battu mercredi (3-2). Et le meilleur buteur de la Serie A, Antonio Di Natale (14 buts), pourrait faire souffrir une équipe qui a pris 9 buts en cinq matches. Une mise à l'épreuve pour la défense, le talon d'Achille de l'Inter façon Leonardo, qui entend bien passer la sixième.