Les moments d'allégresse ayant été rares jusqu'à maintenant cette année, ne soyez pas étonnés si le sourire demeure rivé aux lèvres des joueurs de l'Impact pendant une bonne partie de la semaine. La victoire de samedi contre les Red Bulls de New York a été particulièrement savoureuse.

Avant de tourner la page pour penser à l'Union de Philadelphie, plusieurs en profiteront pour se remémorer les moments forts du match. Marco Di Vaio pourra revoir en boucle son tir du pied gauche qui trouve enfin le fond du filet. Auteur d'un début à la hauteur de sa réputation, Alessandro Nesta éprouvera sans doute la sensation d'être un peu plus chez lui au stade Saputo. Quant à Patrice Bernier, véritable coeur du onze montréalais, il aura eu droit à des éloges inattendus de nul autre que Thierry Henry. Admettez que ce n'est pas tous les jours que ça arrive!

L'entraîneur Jesse Marsch s'est même permis de dire que c'était la performance la plus accomplie des siens cette saison. Bref, pratiquement tout le monde avait une raison de se réjouir à l'issue de la rencontre, mis à part Matteo Ferrari, visiblement mécontent de son temps de jeu limité.

Cohabitation entre deux cultures

Si Ferrari était déçu de ne pas être entré en relève à Nelson Rivas plus tôt dans le match, il ne serait pas étonnant que Marsch décide de l'insérer parmi les titulaires contre l'Union. Ce faisant, le pilote montréalais renforcerait sa défense, mais il contribuerait aussi à maintenir l'harmonie au sein d'un vestiaire dont l'allure a beaucoup changé depuis quelques semaines.

Le club n'ayant jamais caché son souhait de s'approcher de son public, faut-il s'étonner qu'il existe deux cultures dans l'organisation montréalaise? Blague à part, la dichotomie entre les mentalités européenne et américaine mène à d'inévitables compromis. Par exemple, la direction montréalaise a accepté en début de saison de colmater les brèches dans son effectif avec des vétérans de la MLS, dont certains n'ont fait que passer. Sans qu'il y ait eu de désaveu officiel de cette méthode, on constate dorénavant que les efforts de recrutement sont surtout axés sur les joueurs du Vieux Continent.

Il s'agit d'un changement de cap intrigant. En février, lors du camp d'entraînement en Californie, Marsch m'avait fait part des doutes qu'il entretenait à propos du niveau d'engagement de plusieurs Européens en MLS. Peut-être ne demande-t-il maintenant qu'à être convaincu du contraire?

Le souque à la corde décisionnel peut provoquer des frictions dans les bureaux du stade qui risquent d'avoir des répercussions dans la chambre des joueurs. Ainsi, l'influence croissante des nouveaux joueurs italiens auprès de la direction ne peut pas être prise à la légère par le personnel d'entraîneurs, à majorité américaine.

On sait bien que les bons résultats sont un baume pouvant freiner la dérive vers une éventuelle guerre de clans. Mais le rendement en dents de scie de l'Impact cette année ne laisse présager rien de bon pour ceux qui craignent que le vestiaire montréalais ne devienne le reflet des deux solitudes.

Entente cordiale ou plan «Marsch-all»

Fin diplomate jusqu'à présent, Jesse Marsch ne s'en sort pas si mal pour combler les attentes de ses joueurs vedettes, d'un propriétaire exigeant et d'un public assez pointilleux lui aussi. Pour que le triomphe contre les Red Bulls ne constitue pas une victoire pyrrhique, Marsch doit toutefois porter une attention particulière à l'ambiance dans son équipe. Gare aux promesses non tenues qui alimentent la grogne!

Dans les circonstances, l'Impact a besoin d'une sorte d'entente cordiale dans laquelle l'entraîneur conserve un degré satisfaisant d'autorité pour bien gérer sa formation. En contrepartie, il devra se montrer à l'écoute de ses hommes et de son directeur sportif. Autrement, il peut renoncer tout de suite à son plan «Marsch-all».