Le Français Didier Deschamps revient à Marseille comme entraîneur (à partir de la saison prochaine), fort de son aura de seul capitaine d'une équipe française à remporter la Ligue des champions, en 1993 avec l'OM, avant de porter le brassard des Bleus champions du monde et d'Europe (1998-2000).

C'est à Marseille que son image de leader né s'est dessinée en grand format. Au retour d'un prêt à Bordeaux, il apprend que Bernard Tapie ne veut plus de lui à Marseille. Deschamps s'entête... et s'impose, jusqu'à la gloire, devenant l'unique capitaine d'une équipe française à remporter la Ligue des champions, en 1993.

Première ligne de prestige dans un palmarès qui s'agrémentera à la Juventus d'une seconde C1 (1996) et de trois titres de champion d'Italie. C'est sa période faste, marquée aussi par l'amitié naissante avec Zidane.

L'époque bleu doré en équipe de France fut certes estampillée «génération Zidane» plutôt que Deschamps, préséance technique oblige. Car «La Dèche», qui a aussi connu les vaches maigres (l'Euro 1992, France-Bulgarie en 1993) présente un profil d'antistar, dans un rôle ingrat de milieu défensif récupérateur.

Mais qu'aurait été le génial ZZ sans le besogneux DD? Zidane a souvent souligné l'importance d'un Deschamps ou d'un Makelele, chargé de nettoyer sa zone et de l'alimenter en ballons.

«Chef de bande»

Parfois brocardé par l'opinion publique, peu friande des joueurs sans éclat, il fut l'homme clef de ses entraîneurs, qui lui confient le brassard dès l'âge de 20 ans à Nantes, puis à Marseille (au départ de Papin) et surtout en équipe de France (54 fois capitaine, record national).

C'est le relais idéal d'Aimé Jacquet chez les Bleus. «Didier Deschamps a été un grand capitaine: c'est important dans une équipe d'avoir un joueur qui peut analyser le match et cadrer les gars», observe par exemple Lilian Thuram.

L'intelligence stratégique et le mental sans faille de cet «aboyeur» par excellence viennent pallier des lacunes techniques. «Le guerrier de la troupe, le chef de la bande, c'était lui», assure Robert Budzinski, qui l'a côtoyé à Nantes.

C'est là que «Dédé» s'aguerrit, au contact de Marcel Desailly, rencontré à 16 ans. «Lui il était le grand cool et moi le petit stressé», se souvient Deschamps. Petit nerveux, et têtu.

A Chelsea, il retrouvera d'ailleurs son complice Desailly, s'accrochera avec l'entraîneur Gianluca Vialli et remportera la Coupe d'Angleterre 2000. A Valence, sa saison est entrecoupée de blessures diverses: DD décide alors de raccrocher, en 2001, à 32 ans.

Epopée Ligue Desch 2004

Son passage du terrain au banc se fait naturellement. Deschamps prend les rênes d'une équipe la même année, Monaco. Il y connaît une première saison difficile (15e de 1re division) mais y gagne rapidement un premier titre (Coupe de la Ligue 2003) et ses galons d'entraîneur: c'est l'épopée de la Ligue des champions 2004.

Sous sa houlette, la bande à Giuly (Rothen, Evra, Morientes etc.) inflige un 8-3 historique à La Corogne et élimine le Real Madrid de Zizou, puis Chelsea. Seul le Porto de Mourinho en finale (3-0) ramène le Rocher sur terre.

Joueur têtu, Deschamps entraîneur l'est aussi. Le joueur ne démissionnait jamais, l'entraîneur si. La première fois, du banc monégasque, après avoir estimé que Monaco n'était «pas un grand club». En cause, le recrutement qui n'était pas totalement le sien. Puis du banc turinois (après avoir pourtant assuré la remontée de la Juve en Serie A), pour n'avoir pas hérité de prérogatives plus étendues.

Annoncé ensuite à Lyon ou Chelsea, il préfère rester en retrait du terrain, et en avant dans les médias. Il revient sur le devant de la scène nationale en se portant candidat, soutenu par ses amis de France-98, à la succession de Raymond Domenech en plein Euro-2008. Ce dernier est reconduit. Mais les faits, en l'occurrence les défaites, sont têtus. Deschamps aussi. Marseille n'attendait que lui.