Le début de la saison du CF Montréal en a surpris plus d’un, et Laurent Courtois en a distingué les conséquences sur le terrain.

« Je remarque que nos adversaires sont prudents lorsqu’ils nous affrontent », a-t-il souligné, vendredi matin en visioconférence de Seattle, où son équipe affrontera les Sounders ce samedi soir.

« En même temps, ça indique à mes joueurs, à vous et à moi qu’on doit rester humbles et parfaits dans ce qu’on veut faire. Quand on a le ballon, il y a des scénarios où on veut prendre des risques, et ils essaient de miser là-dessus. »

Ça a fonctionné pour les quatre premiers matchs, desquels le CFM a soutiré deux victoires, une défaite et un match nul. Parce que malgré l’effondrement à Chicago, Montréal menait quand même 3-1 à la 84e avant de s’incliner 4-3 contre le Fire.

Mais à sa cinquième rencontre, le D.C. United a complètement suffoqué les Montréalais, qui n’ont jamais vraiment trouvé de réponse convaincante. Il reste que le CFM a survécu jusqu’à la 85minute, encaissant un but tardif, bien que logique, pour finalement s’incliner 1-0.

« J’ai découvert le cœur de cette équipe et son envie générale de s’impliquer pour la cause », a noté Courtois sur les leçons tirées en ce début de saison.

Maintenant, mon travail consiste à trouver le liant, d’appliquer ce message sur le terrain et d’obtenir une réponse appropriée dans les moments difficiles, comme à la fin des deux derniers matchs. Autant je peux être content de certains aspects, autant je suis aussi conscient combien ça peut être fragile.

Laurent Courtois, entraîneur-chef du CFM

En outre, Courtois ne veut pas que la perception de son équipe, tant de l’intérieur que de l’extérieur, change en fonction d’une victoire ou d’une défaite, du but accordé ou marqué en fin de rencontre.

« Il y a le contexte [par opposition à] notre vraie identité, je dirais. J’essaie de montrer à mes gars comment distinguer les deux. »

Une chimie à parfaire à l’avant

La distinction est importante. Parce qu’on ne peut écarter le contexte des cinq premiers matchs disputés sur la route si on souhaite analyser l’identité de jeu du Bleu-blanc-noir jusqu’à présent.

Le CFM a eu tendance à sortir des blocs avec une grande intensité, puis à faire la transition vers l’absorption de la pression adverse, inévitable de la part d’équipes jouant à domicile. Lorsque ces moments de jeu surviennent, « il faut être un peu tueur », a lancé le directeur sportif Olivier Renard, mardi soir, en marge du lancement de la saison de l’équipe au MTELUS.

« Ce qu’on n’a pas été, estime-t-il. Dans le dernier match, on n’a pas été bons en général, mais on aurait pu marquer des buts et revenir de D.C. avec des points, [même pas forcément] mérités. »

Pendant cette rencontre, le trio offensif composé de Matías Cóccaro, Josef Martínez et Dominic Iankov, pourtant prometteur, a été neutralisé et isolé de son milieu de terrain.

« C’est sûr qu’on n’a pas eu beaucoup de temps de jeu ensemble » jusqu’à présent, a rappelé Cóccaro au sujet de son association avec les deux autres membres du trident, par l’entremise d’un interprète, vendredi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Matías Cóccaro

Plus on va jouer ensemble, plus on va s’améliorer et être forts.

Matías Cóccaro

« D.C. est venu bien préparé, c’est une équipe qui pressait bien, a noté Mathieu Choinière, membre d’un milieu de terrain enseveli dans cette rencontre. Je pense qu’on aurait pu faire mieux pour sortir certains ballons [de derrière]. La chimie est bonne. On a travaillé aussi sur la façon de bouger ensemble. On ne va pas trop se poser de questions. Je pense que dans les matchs avant ça, on a eu de superbes actions. On ne remet pas tout en question juste à cause d’un match. »

Laurent Courtois veut « continuer de travailler et renforcer » certains aspects de leur association, sans toutefois confirmer qu’il emploiera à nouveau la formule du trident offensif contre les Sounders.

« Il faut du temps, ce n’est pas évident avec les nouveaux arrivants, les déplacements. […] Mais on a vu de quoi ils sont capables dès qu’ils se trouvent. »

Sur le plan personnel, du moins, Cóccaro estime que le style de jeu de la MLS lui sied bien. On ne peut le contredire, avec ses trois buts et une passe décisive en cinq rencontres.

« Dans cette ligue, il faut être physique et rapide, dit-il. Et c’est mon style de jeu. Je dois être prêt à donner mon 110 %. »

« Chair de poule »

Les Sounders n’ont toujours pas connu la victoire (0-3-2). S’il y a peut-être un coup à jouer pour le CFM contre cette équipe en difficulté, elle sera vraisemblablement habitée d’une volonté d’engranger des points devant son public.

« J’ai énormément de respect pour le potentiel de cette équipe et les individualités qui la composent, a jugé Courtois. […] On est prévenus. Un peu comme le dernier match à D.C., on sait à quoi s’attendre. »

Ce sera aussi le dernier voyage du CF Montréal avant d’enfin retrouver son stade Saputo, le week-end prochain. Au moins, il a eu un avant-goût de l’amour que lui réservent ses partisans lors du lancement, mardi.

Tout le monde a eu un peu la chair de poule.

Mathieu Choinière, à propos du lancement de la saison, mardi, au MTelus

« On a ressenti, on a touché, on a vibré un petit peu, a décrit l’entraîneur-chef. C’était une expérience assez forte. J’avoue que je ne m’attendais pas à un truc aussi intense. En même temps, on en a parlé avec les gars : il faut appuyer [cet amour] avec les actions maintenant. »

Même son de cloche pour Cóccaro, un joueur qui s’abreuve de l’énergie de ses partisans.

« Ça nous donne une grosse responsabilité pour [samedi], dit l’attaquant uruguayen, le sourire toujours aux lèvres. Il faut bien représenter l’énergie qu’ils nous ont donnée. »