(Vancouver) Les mots d’adieu de Christine Sinclair lors de la réunion qui a suivi son dernier entraînement avec l’équipe féminine de soccer du Canada ont été : « Allez me chercher une Coupe du monde ».

Elle aura été compétitive jusqu’à la toute fin.

Sinclair n’a jamais gagné la Coupe du monde. En six participations avec l’unifolié, le meilleur résultat de la nation a été une quatrième place, en 2003. Mais Sinclair a coché toutes les autres cases.

Des médailles olympiques d’or, d’argent et de bronze. Un record du monde de 190 buts sur la scène internationale. L’Ordre du Canada. L’Allée des célébrités canadiennes. Joueuse canadienne de l’année 14 fois. Championne de la NWSL. Sans mentionner une réputation sans faille, voire admirable, en dehors du terrain.

La femme de 40 ans originaire de Burnaby, en Colombie-Britannique, mettra un terme à sa carrière internationale mardi au terme d’un match amical contre l’Australie à Vancouver qui risque de laisser beaucoup de place aux émotions.

Quelque 45 000 spectateurs sont attendus au B. C. Place, qui a accueilli une foule record de 30 204 personnes pour un match à domicile des Whitecaps, le mois dernier contre le Los Angeles FC. Déjà lundi, le stade était orné de pancartes sur lesquelles était écrit « Merci Sinc ».

« Il y aura des montagnes russes d’émotions », a dit Desiree Scott, qui évolue au milieu de terrain.

« C’est émouvant. Je pense qu’on ne le réalise pas encore, a ajouté l’attaquante Jordyn Huitema. Elle est impliquée depuis le début de ma carrière avec l’équipe nationale et je ne sais pas à quoi cela ressemblera sans elle… Elle compte beaucoup pour moi. »

« Nous allons tous retenir des larmes. Probablement sans succès », a déclaré la gardienne Kailen Sheridan.

Sinclair, qui a été utilisée comme remplaçante lors de cinq de ses six dernières rencontres avec la formation nationale, devrait être de la formation partante pour une 313e et dernière fois, mardi, à l’occasion de sa 331e sélection.

Une dizaine de membres de l’équipe canadienne médaillée de bronze aux Jeux de Londres en 2012 formeront une haie d’honneur lorsqu’elle mènera la troupe sur le terrain avant la rencontre.

Sinclair semblait zen lors de sa rencontre avec les médias, dimanche, en compagnie de Sophie Schmidt. L’entraîneuse-chef du Canada, Bev Priestman, croit toutefois que les vannes pourraient s’ouvrir, mardi.

« Elle est vraiment une personne forte, mais elle est un être humain, a dit Priestman. Je n’ai aucun doute que ça va la frapper de plein fouet un moment donné. »

Canada Soccer a indiqué que plus de 50 anciens joueurs qui ont représenté le Canada, autant chez les femmes que chez les hommes, seront présents.

Ses coéquipières actuelles tenteront sans aucun doute de lui faire marquer un 191e but pour améliorer son record mondial.

« Elle livre la marchandise lors des gros moments », a lancé Priestman.

Le dernier but de Sinclair remonte au 25 juillet 2022 dans une victoire de 6-0 contre Trinité-et-Tobago. Elle n’a pas réussi à faire bouger les cordages à ses 19 derniers matchs avec le Canada, alors que son rôle a changé progressivement depuis l’entrée en poste de Priestman. Cette dernière peut compter sur de jeunes attaquantes, ce qui lui a permis d’utiliser Sinclair en profondeur.

Sinclair a fait son entrée sur le terrain au son de la chanson Any Man of Mine, de Shania Twain, mais aussi des cliquetis des appareils photo, lundi. Avant l’entraînement, Schmidt et elle ont reçu des maillots honorifiques des Whitecaps.

« Deux grandes légendes », a commenté Priestman.

Schmidt, 35 ans, jouera également son dernier match pour le Canada. Mais comme Sinclair, elle veut disputer une dernière saison avec son club.

Les deux seront honorées, mardi, tout comme la gardienne Erin McLeod, qui a annoncé sa retraite en janvier. McLeod regardera le match de la ligne de touche.

Le but est de leur dire adieu avec une victoire.

« Ce sera une soirée incroyable, a dit Priestman. Je sais que toutes les joueuses vont courir 20 ou 30 verges de plus que nécessaire pour souligner ce que ces joueuses ont fait pour notre programme.

« Ce que nous faisons et la façon dont nous jouons sont absolument axés sur les [Jeux olympiques de Paris en 2024]. Mais il y a aussi la réalité de ce que [le match de mardi] représente. Donc c’est comme un numéro de jonglerie. »

Les Canadiennes sont déjà qualifiées pour les Jeux de Paris.